L'armée pakistanaise a confirmé mercredi l'arrestation du mollah Baradar, présenté comme le chef militaire des talibans afghans et bras droit de leur dirigeant de l'ombre, le mollah Omar.

«Au terme d'une procédure d'identification détaillée, il a été confirmé qu'une des personnes arrêtées était bien le mollah Baradar», a affirmé le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Athar Abbas. «Le lieu de l'arrestation et les détails opérationnels ne peuvent être divulgués pour des raisons de sécurité».

Les médias aux États-Unis, le New York Times en tête, avaient annoncé mardi la capture du mollah Baradar quelques jours auparavant dans le sud du Pakistan par des agents des renseignements américains et pakistanais. Les insurgés avaient cependant démenti? affirmant que Baradar continuait à diriger les opérations de jihad des talibans.

Le mollah Baradar est régulièrement présenté comme le No2 ou le No3 des talibans afghans derrière leur fondateur et chef suprême, le mollah Muhammad Omar.

Selon des experts, sa capture constitue sans nul doute un revers pour les talibans.

«C'est un ami proche du mollah Omar et ils sont de la même génération. Il faisait partie de la trentaine de personnes considérées comme les fondateurs du mouvement taliban», selon Rahimullah Yusufzai, un expert pakistanais des talibans.

Le mollah Baradar, de son vrai nom Abdul Ghani Baradar, était au sommet de la chaîne de commandement militaire et avait autorité sur les finances.

Né dans la province d'Uruzgan, au sud du pays, et appartenant à la tribu des Popalzai -une influente tribu pachtoune à laquelle appartient également le président Hamid Karzaï, il a d'abord combattu les Soviétiques dans les années 80 avec le soutien des Américains et des Pakistanais.

Quand les talibans prirent le pouvoir à Kaboul en septembre 1996, le mollah Omar fit appel à lui. Baradar devint alors vice-ministre de la Défense.

Selon Interpol, le mollah Baradar, âgé de 42 ans, appartient depuis mai 2007 à la plus haute hiérarchie des talibans. Et le mollah Omar l'avait nommé chef militaire des talibans.

Des spécialistes ont cru discerner dans l'arrestation de Baradar un revirement au Pakistan dans sa politique vis-à-vis des talibans.

«C'est un avertissement clair aux chefs talibans afghans au Pakistan: les choses ont changé. Il faut faire un choix, soit vous continuez à vous battre et cela sera sans notre aide, soit vous coopérez», a expliqué Arturo Munoz, un ancien agent de la CIA. «C'était un chef très respecté, très aimé, et sa perte, je pense, sera très démoralisante pour le mouvement taliban. Ceci dit, les talibans sont des gens résistants, ils sont en guerre depuis un moment».

La confirmation de sa capture par Islamabad survient alors que le président américain Barack Obama réunit mercredi son cabinet de guerre sur l'Afghanistan, pour évaluer l'impact de l'offensive des forces internationales à Marjah, un bastion taliban dans le sud de l'Afghanistan.

Depuis samedi, quelque 15 000 soldats afghans et étrangers sont engagés dans cette opération Mushtarak (Ensemble), en plein coeur de la province du Helmand.

Les talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition menée par les États-Unis, ont considérablement intensifié leur insurrection ces deux dernières années, et l'ont étendue à la majeure partie du pays, infligeant de plus en plus de pertes aux quelque 113 000 soldats des forces internationales.

Ces derniers seront bientôt rejoints par les renforts de 30 000 militaires américains et 10 000 soldats provenant d'autres pays de l'OTAN.