Les autorités au Yémen ont accusé les rebelles chiites d'avoir violé vendredi la trêve quelques heures après son entrée en vigueur, en lançant des attaques meurtrières contre l'armée dans le nord du pays.

Le général Mohammad Abdallah Al-Qoussi, qui dirige les opérations de l'armée dans la province de Saada, a affirmé avoir lui-même échappé à une tentative d'assassinat menée par les rebelles chiites.

«J'ai échappé à une tentative d'assassinat menée par des rebelles Houthis qui ont ouvert le feu sur mon véhicule» à Saada, fief des rebelles à 240 km au

nord de Sanaa et limitrophe de l'Arabie saoudite, a-t-il déclaré à l'AFP.

«Les rebelles ont violé le cessez-le-feu en lançant également des attaques contre des postes de l'armée dans la région d'Al-Iqab (dans la province de Saada) faisant des morts et des blessés parmi les soldats», a-t-il ajouté.

Selon une source militaire, quatre soldats yéménites ont été tués dans les attaques, trois à Al-Iqab et un quatrième à Al-Aïn, dans le sud de Saada. Plusieurs ont été blessés, a-t-il ajouté.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès des rebelles zaïdites, issus d'une branche du chiisme minoritaire dans l'ensemble du Yémen mais majoritaire dans le nord-ouest du pays.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a ordonné jeudi soir à ses hommes de respecter le cessez-le-feu annoncé par le président Ali Abdallah Saleh.

Le cessez-le-feu est entré en vigueur jeudi à minuit (21H00 GMT), après six mois de combats sanglants dans le nord du Yémen, limitrophe de l'Arabie saoudite.

Les autorités, disant riposter aux «agressions répétées» des rebelles, lancé le 11 août 2009 une offensive contre les insurgés, la sixième du genre depuis 2004, dans un conflit qui a fait des milliers de morts et 250 000 déplacés.

Plusieurs accords de trêve conclus dans le passé entre les deux parties avaient été aussi rapidement violés.

Pourtant vendredi matin, une source militaire sur le terrain avait affirmé que le calme régnait sur «tous les fronts», et une autre source a assuré à l'AFP que l'aviation yéménite avait cessé ses sorties au-dessus des zones du nord.

«Nous demeurons dans nos positions et nous avons le doigt sur la gâchette»,  a cependant affirmé à l'AFP l'un des militaires basés dans le nord du pays, traduisant la méfiance de la troupe à l'égard des rebelles.

Le cessez-le-feu avait été proclamé après l'acceptation par les rebelles des six conditions du gouvernement pour l'arrêt des hostilités; «observer un cessez-le-feu, ouvrir les routes, déminer et évacuer les hauteurs», «se retirer des bâtiments publics», «restituer les biens publics et les armes saisies», «libérer les détenus civils et militaires, y compris les Saoudiens», «respecter la loi et la Constitution» et «ne plus agresser» l'Arabie saoudite.

Le royaume saoudien est intervenu dans le conflit début novembre après la mort d'un de ses gardes-frontières, tué par des rebelles infiltrés sur son territoire.

Le ministère de la Défense avait indiqué après la proclamation de la trêve la mise en place d'un «comité national» formé de parlementaires pour «superviser l'application des six points et ramener la paix à Saada».

Le pouvoir central à Sanaa accuse les rebelles d'être soutenus par «des parties» en Iran et de vouloir rétablir «l'imamat zaïdite», renversé en 1962 par un coup d'État militaire.

La rébellion, qui dément de telles accusations, se plaint d'une marginalisation politique et sociale et reproche au gouvernement de ne pas lui reconnaître son identité religieuse.