Les talibans ont répété lundi qu'ils entendaient «rester et se battre» alors que les forces afghanes et de l'OTAN annoncent depuis plusieurs jours une vaste offensive imminente dans un de leurs bastions dans le sud de l'Afghanistan.

Les talibans préfèrent «rester et se battre», a assuré à l'AFP Yousuf Ahmadi, le porte-parole régulier des talibans, dans un entretien téléphonique avec l'AFP depuis un lieu inconnu. Kaboul et la force internationale de l'OTAN (Isaf) ont annoncé qu'elles s'apprêtaient à lancer une grande offensive dans la zone de Marjah de la province du Helmand, principal fief des insurgés islamistes, dans le sud.

Des sources militaires estiment qu'elle n'aura pas lieu au moins avant la fin de la semaine.

«Les forces afghanes et étrangères sont arrivées dans la zone de Marjah mais nos combattants y sont également et tirent des roquettes sur elles», a affirmé M. Ahmadi.

Les informations livrées par les uns et les autres sont difficiles à vérifier de sources indépendantes.

«Nous avons la situation sous contrôle et nous sommes prêts à nous battre», avait déjà affirmé Yousuf Ahmadi dimanche.

«Ils ont des ordres très fermes de leur commandement au plus haut niveau de se battre, et ils ont toujours l'impression qu'ils sont en train de gagner» la guerre, a estimé pour sa part le général canadien Eric Tremblay, porte-parole de l'Isaf.

Alors que l'offensive, baptisée Mushtarak («Ensemble» en dari), est en préparation depuis plusieurs semaines, plus de 400 familles, soit de 2 000 à 3 000 personnes, ont déjà quitté la zone, et d'autres continuent de fuir, a assuré Ghulam Farooq Noorzaï, chef du département des réfugiés de la province du Helmand.

Les autorités locales ont tenu une réunion lundi pour tenter de mettre en place les mesures nécessaires à leur accueil, notamment à Lashkar Gah, la capitale de la province, selon lui.

Shir Ali Khan, un habitant de Marjah, est arrivé lundi à Lashkar Gah avec 25 membres de sa famille. «Nous sommes partis car de nombreux avions survolent la région et il y a d'importants mouvements de troupes», a-t-il assuré à l'AFP par téléphone.

Si elle a lieu, l'offensive de Marjah sera la plus importante opération des forces internationales depuis l'annonce, en décembre, par le président Barack Obama de l'envoi de 30 000 soldats américains en renfort en 2010, qui seront rejoints par quelque 10 000 militaires d'autres pays de l'OTAN. Quelque 113 000 soldats étrangers sont actuellement déployés, américains pour plus des deux tiers.

L'insurrection des talibans, lancée fin 2001 quand les forces internationales emmenées par les États-Unis les ont chassés du pouvoir, a considérablement gagné en intensité et s'est étendue dans la quasi-totalité du pays ces deux dernières années.

L'objectif annoncé par M. Obama avec ces renforts est d'inverser cette tendance afin de retirer ensuite progressivement les soldats américains d'Afghanistan pour en confier la sécurité aux forces afghanes.

Mais, à l'instar de Washington récemment, Londres a averti lundi que, notamment avec l'offensive de Marjah, «il fallait bien sûr s'attendre à des pertes dans ces opérations».

Dimanche, quatre soldats de l'OTAN ont été tués, dont deux suédois, ce qui porte à 61 le nombre de décès dans les rangs des forces internationales depuis le début de l'année. 2009 avait déjà été l'année record en huit ans de guerre, avec 520 morts.