Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a demandé aux pays réticents à sanctionner Téhéran sur son programme nucléaire de «changer d'approche», alors que le chef de l'AIEA a annoncé n'avoir reçu aucune proposition nouvelle de l'Iran, au cours d'une rencontre samedi.

«Il n'y avait pas de nouvelle proposition. Nous avons échangé nos vues (...) Le dialogue se poursuit et il faut l'accélérer, c'est ce qui compte», a déclaré le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, à l'issue d'un entretien à Munich avec le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki.

«J'ai eu aujourd'hui une rencontre avec le ministre Mottaki qui a porté sur divers sujets. Cela incluait bien sûr des activités en Iran et le réacteur de recherche de Téhéran», a-t-il précisé.

«Je n'ai pas reçu de contre-proposition» de l'Iran, a encore déclaré M. Amano.

Le chef de l'AIEA n'a cependant pas voulu s'exprimer sur la possibilité d'une percée, après des années de négociations stériles.

M. Mottaki avait affirmé un peu plus tôt avoir eu une «très bonne rencontre» avec M. Amano à Munich, où se déroule la Conférence sur la sécurité.

«Nous avons échangé nos vues sur les propositions qui sont sur la table», avait-il poursuivi, évoquant l'échange de combustible nucléaire destiné au réacteur nucléaire de recherche de Téhéran.

Vendredi, M. Mottaki avait estimé qu'un accord «final» était à portée de main.

Le principe de cet échange avait été relancé deux jours plus tôt par le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui s'était dit prêt à troquer une partie de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible hautement enrichi (20%), destiné au réacteur de recherche iranien.

Au cours d'une visite à Ankara, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a pour sa part déclaré «ne pas (avoir) le sentiment» qu'un accord avec l'Iran était proche, malgré ces déclarations iraniennes.

«La réalité est qu'ils n'ont rien fait pour rassurer la communauté internationale sur le fait qu'ils sont prêts à se conformer au Traité de non-prolifération nucléaire ou à mettre un terme à leur marche vers une arme nucléaire», donc «je pense que certains pays doivent se poser la question de savoir s'il n'est pas temps de changer d'approche», a-t-il ajouté.

«Si l'Iran a décidé d'accepter la proposition des 5+1 (les pays chargés du dossier), elle doit le dire à l'AIEA», a déclaré M. Gates.

M. Gates, tout comme la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a invité l'Iran à s'adresser à l'AIEA si il était vraiment disposé à concrétiser un accord.

L'Iran avait rejeté en novembre une proposition des six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi de la plus grande partie de son stock d'uranium en Russie et en France pour y être transformé en combustible pour la recherche.

Les Occidentaux redoutent que le programme nucléaire iranien n'aient des visées militaires et ont réagi avec méfiance à l'annonce du président iranien, craignant que Téhéran ne cherche qu'à gagner du temps.

«Il y aura un effort à faire pour discuter avec la Chine», réticente à de nouvelles sanctions, a encore estimé M. Gates.

Vendredi à Munich, le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, a appelé à la «patience», au «dialogue et à la négociation» avec l'Iran.

A Téhéran, le chef du Parlement a accusé les Occidentaux de vouloir «tromper» son pays. Les Occidentaux «disent : +vous devez suivre la voie que nous avons définie pour la fourniture du combustible pour le réacteur de Téhéran sinon nous vous punirons+», a-t-il déclaré.

«Mais ils savent qu'il s'agit d'une tromperie politique et ils veulent nous enlever l'uranium enrichi par l'Iran», a-t-il ajouté.