Israël se défend d'avoir commis des crimes de guerre l'an dernier à Gaza dans un document justificatif remis vendredi à l'ONU en réponse aux accusations de la commission d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone.

«Le gouvernement israélien a remis ce matin aux Nations unies le rapport sur toutes les actions et les enquêtes concernant les incidents durant l'Opération Plomb Durci», a indiqué le ministre israélien de la Défense Ehud Barak. «Je pense que ce rapport prouve à nouveau que Tsahal est l'armée la plus sérieuse et la plus responsable, qui opère de la façon la plus morale», a plaidé M. Barak, selon un communiqué.

La réponse d'Israël assure l'ONU de «l'indépendance de la justice israélienne», nie que «l'armée ait tué intentionnellement des civils» et déclare que «tout a été fait pour que Tsahal se conforme au droit international», a déclaré à l'AFP une source gouvernementale israélienne.

Le document, d'une quarantaine de pages, soutient qu'Israël n'a fait qu'exercer «son droit d'auto-défense» face à des «attaques terroristes» contre son territoire.

Israël n'a toujours pas annoncé la création d'une commission d'enquête sur le conflit de Gaza, comme le réclame l'ONU dans le rapport Goldstone.

Le ministre de l'Information, Youli Edelstein, a affirmé cette semaine que son pays refuserait de créer une telle commission, mais le gouvernement est partagé.

M. Barak et le chef d'état-major Gaby Ashkenazi y sont opposés. L'ex-conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazuz, a estimé en revanche qu'une commission s'imposait afin que «le rapport Goldstone ne continue pas à hanter Israël en détruisant sa légitimité».

«Nous avons tout intérêt à conduire un examen sérieux qui écartera l'accusation infamante de crimes de guerre», a plaidé M. Mazuz dans une interview au quotidien Haaretz.

Selon la presse, Israël pourrait accepter une commission aux pouvoirs limités, chargée d'auditionner certains dirigeants politiques et chefs militaires. Le quotidien Yediot Aharonot précise qu'elle se bornerait à examiner les consignes données par le commandement et le gouvernement, dans le but de disculper Israël.

L'armée israélienne travaille de son côté sur un document plus complet, réfutant point par point les graves accusations de la commission Goldstone.

Selon le procureur général de l'armée, Avichaï Mandelblit, 140 plaintes visant des soldats israéliens ont été déjà examinées. Une seule a donné lieu à une condamnation, selon un porte-parole de l'armée: un soldat puni de sept mois et demi de prison pour le vol de cartes de crédit.

Lancée pour stopper les tirs de roquettes contre Israël à partir de la bande de Gaza, dirigée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, l'opération «Plomb Durci» a fait 1 450 morts palestiniens et 13 côté israélien.

Le rapport Goldstone, commissionné par l'ONU, recommande la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si Israël et les Palestiniens, accusés de «crimes de guerre» voire de «crimes contre l'humanité» durant le conflit, n'annoncent pas leur intention de mener des enquêtes «crédibles» sur la conduite du conflit.

L'État hébreu craint par dessus tout que ses responsables politiques et ses chefs militaires soient poursuivis par la justice internationale et éventuellement condamnés. Il a qualifié le rapport Goldstone de «partial et malhonnête», un ministre l'accusant même d'être «antisémite».

Huit associations israéliennes de défense des droits de l'Homme ont exhorté le premier ministre Benjamin Netanyahu à «établir sans retard un mécanisme d'enquête indépendant et impartial».

De son côté, le Hamas s'est absout de tout crime de guerre en affirmant que sa branche armée avait frappé «des cibles militaires et évité les cibles civiles» israéliennes.