L'Iran a laissé entendre dimanche qu'il pourrait mettre prochainement à exécution sa menace de produire de l'uranium hautement enrichi, alors que l'ultimatum fixé à la communauté internationale pour lui livrer du fuel nucléaire à ses conditions expire fin janvier.

Interrogé sur les intentions de Téhéran alors que les discussions avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire sont enlisées dans un dialogue de sourds, le président Mahmoud Ahmadinejad a annoncé «une bonne nouvelle» pour le 31ème anniversaire de la révolution islamique début février.

«L'Iran a donné une chance aux pays occidentaux», a déclaré M. Ahmadinejad cité par plusieurs agences. «Nous allons annoncer une bonne nouvelle concernant la production d'uranium enrichi à 20% durant +l'aube de 10 jours+» (ndlr: l'anniversaire des 10 jours de la révolution, du 1er au 11 février 1979), a-t-il ajouté sans être plus explicite.

L'enrichissement d'uranium est au centre d'un conflit entre l'Iran et les Occidentaux, qui redoutent que la République islamique, sous couvert de son programme civil, ne cherche à produire de l'uranium suffisamment enrichi pour construire une arme atomique. Téhéran a toujours démenti un tel projet.

L'Iran a menacé de produire de l'uranium enrichi à 20% si la communauté internationale n'acceptait pas avant fin janvier sa proposition d'échanger, progressivement et en petites quantités, son uranium faiblement enrichi (à 3,5%) contre le combustible hautement enrichi (à 20%) dont il dit avoir besoin pour son réacteur de recherche de Téhéran.

Téhéran a fait cette proposition, réaffirmée la semaine dernière par le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, en réponse à celle du groupe de Six (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) qui est son interlocuteur dans le dossier nucléaire.

La proposition des grandes puissances prévoyait le transfert en bloc de 70% du stock iranien d'uranium faiblement enrichi en Russie puis en France, pour y être enrichi à 20% et transformé en combustible.

L'idée était que cet uranium ne puisse plus servir à la production éventuelle de combustible hautement enrichi pour une arme nucléaire, créant ainsi un «climat de confiance». Mais l'Iran a invoqué lui aussi son manque de confiance envers les Occidentaux pour réclamer un échange graduel.

Pour donner du poids à la menace iranienne de produire de l'uranium hautement enrichi, le président Ahmadinejad a annoncé fin novembre que Téhéran avait décidé la construction de dix nouvelles usines d'enrichissement d'uranium.

Cette annonce est intervenue peu après la condamnation de Téhéran par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour avoir notamment dissimulé la construction d'une usine d'enrichissement à une centaine de km au sud de Téhéran.

Les Occidentaux, qui avaient donné de leur côté jusqu'à fin 2009 aux Iraniens pour accepter la proposition des Six, ont entamé mi-janvier des discussions sur un renforcement des sanctions internationales contre Téhéran.

La Chine, qui développe rapidement ses intérêts économiques en Iran, a exprimé ses réticences, mais la Russie, autre allié traditionnel de Téhéran jusqu'à ces derniers mois, semble hésiter.

Tout en «regrettant» le rejet par l'Iran des propositions des Six, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé vendredi que «punir» Téhéran ne serait «pas pragmatique».

Dans ce contexte, Téhéran a annoncé le déplacement mardi à Moscou de son principal négociateur dans le dossier nucléaire, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale Saïd Jalili, qui devrait rencontrer notamment le président Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine.