Les Six parient sur leur unité pour contrecarrer les ambitions nucléaires de l'Iran, après des mois d'efforts communs et bien que la Chine demeure réticente à de nouvelles sanctions.

«Nous sommes unis et résolus à travailler pour faire pression sur l'Iran en réponse à leur rejet continu des ouvertures de la communauté internationale», a assuré jeudi la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, en promettant que les Six «ne reculeront pas». Le groupe des Six est composé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Russie, Royaume-Uni) et de l'Allemagne. Il est chargé de négocier avec Téhéran, toujours soupçonné de développer des capacités militaires sous couvert d'un programme nucléaire civil.

Le groupe n'a pas pris de décision lors de sa dernière réunion, samedi 16 janvier à New York.

Mme Clinton a toutefois qualifié la rencontre d'«étape positive sur la voie vers une action internationale unie».

«Nous nous dirigeons vers cela de façon très concertée et unie», a-t-elle expliqué, «parce qu'il est important d'adresser le message aux dirigeants iraniens que le monde va agir, et qu'il agira uni».

L'Iran refuse depuis des mois une offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de faire enrichir son uranium à l'étranger.

Celle-ci reste officiellement «sur la table». Et si les Six n'y croient plus, ils restent persuadés que cette étape de dialogue était nécessaire pour donner du poids à leur menace de nouvelles sanctions à l'ONU.

«Nous devons maintenant prendre des mesures très claires pour avancer», a ainsi plaidé la responsable de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui s'exprimait à Washington aux côté d'Hillary Clinton.

Le maillon faible de la stratégie des Six est l'attitude de la Chine, qui entretient des liens économiques étroits avec Téhéran et reste réservée envers de nouvelles sanctions.

Pékin n'a envoyé qu'un représentant de second rang à la dernière réunion à New York.

La Chine pourrait toutefois évoluer par crainte de se retrouver isolée, a confié à quelques journalistes un diplomate européen de haut rang.

«Quand on partage un constat avec d'autres, et que tous ces autres sont d'accord (pour avancer), il est difficile de rester isolé. C'est une position que l'on ne peut pas tenir trop longtemps», a plaidé cette source proche des négociations avec l'Iran.

La Chine subit d'autant plus de pressions, a-t-il ajouté, que la Russie est désormais sur la même ligne que les Occidentaux.

«Les Russes ont profondément changé d'attitude et se montrent très utiles» ces derniers mois, selon ce diplomate.

Ce resserrement des rangs parmi les Six a déjà produit des résultats, affirme cette source, en citant le vote unanime des grandes puissances pour approuver la résolution de l'AIEÀ condamnant l'Iran en novembre dernier.

Américains et Européens espèrent, à mi-voix, que les Six seront en mesure de présenter une résolution à l'ONU en février.

Les Occidentaux refusent cependant d'évoquer une date-limite pour leurs efforts, conscients que convaincre Pékin de les rejoindre pourrait encore «prendre du temps».

En cas d'échec et alors que l'impasse avec Téhéran dure depuis des mois, les Européens pourraient quand même finir par «prendre leurs responsabilités». Comprendre: développer des sanctions de leur côté, et en concertation avec les États-Unis qui en feraient autant.