Des talibans armés et des kamikazes ont conduit lundi une opération commando au coeur de Kaboul visant le palais présidentiel et des ministères pendant plusieurs heures et tuant au moins cinq personnes dont un enfant.

Il s'agit d'une des attaques les plus spectaculaires perpétrées dans la capitale depuis le début de la guerre des forces afghanes et internationales contre les talibans fin 2001. Dans le milieu de l'après-midi, le calme était peu à peu revenu dans le centre de la capitale troublée par les seuls vols d'hélicoptères des forces de l'OTAN.

Cinq personnes ont été tuées et 38 blessées, en plus de quatre kamikazes qui ont péri, a déclaré à l'AFP le ministère afghan de la Santé.

«Il y a des civils et des membres des forces de sécurité parmi les morts. La plupart des blessés sont des civils», a déclaré Sayed Kabir Amiri, chef des services hospitaliers.

Un enfant, un soldat et un policier comptent parmi les personnes tuées, selon les autorités afghanes.

Le président Hamid Karzaï a déclaré que la sécurité était «rétablie» et la situation «sous contrôle».

Le commando taliban - une vingtaine de kamikazes selon les talibans - a attaqué à une heure de grande affluence, les kamikazes investissant plusieurs ministères, la Banque centrale et un centre commercial autour de la place Pachtounistan.

«Les objectifs sont le palais présidentiel, les ministères de la Justice, des Finances et des Mines, et la Banque centrale», a déclaré au téléphone à l'AFP Zabibullah Mujahid, un porte-parole taliban quelques minutes seulement après une première explosion assourdissante suivie de tirs nourris.

Quatre kamikazes ont péri dans les attaques, deux actionnant leur ceinture d'explosifs et deux étant tués par les forces de sécurité alors qu'ils entraient dans un bâtiment.

Le centre commercial Qari Sami, tout près de l'hôtel Serena, a pris feu pour une raison indéterminée, mais selon des témoignages, quatre insurgés, dont l'un au moins portant une ceinture d'explosifs, sont entrés dans le centre commercial.

«J'ai vu quatre hommes portant un patou (couverture portée par les hommes). Le garde est venu à leur rencontre et leur a demandés ce qu'ils voulaient», raconte Ismaïl, vendeur au 1er étage du centre commercial.

«L'un d'entre eux a soulevé son patou et a dit +dégage ou tu vas mourir+», en montrant une ceinture d'explosifs, ajoute Ismaïl, précisant que les hommes sont ensuite montés à l'étage du centre commercial.

Les piétons ont fui ce quartier commercial très fréquenté, après la première explosion, a déclaré à l'AFP au téléphone un commerçant du quartier, Bahram Sarwary. «J'ai vu de la fumée s'élever d'un bâtiment situé près de la Banque centrale et du palais présidentiel et j'ai vu au moins une personne blessée».

Les attaques étaient relativement rares à Kaboul depuis la chute du régime des talibans fin 2001, mais elles se multiplient ces derniers mois alors que l'insurrection gagne du terrain. Le 15 décembre, huit personnes avaient péri dans un attentat suicide près d'un hôtel accueillant des étrangers.

Fin octobre, huit personnes, dont au moins cinq employés étrangers de l'ONU, avaient été tuées dans l'attaque par les talibans d'une maison d'hôtes des Nations unies en plein centre-ville.

Le 11 février 2009, 26 personnes avaient été tuées dans des attaques coordonnées de kamikazes talibans contre des ministères et des bâtiments officiels.

Et le 27 avril 2008, des talibans avaient ouvert un feu nourri à la mitrailleuse lourde et au lance-roquettes sur la tribune officielle lors d'un défilé militaire en plein centre ville, manquant le président Karzaï et des invités étrangers. L'attaque avait fait quatre morts dont un enfant.