Les tribus yéménites qui cachent et protègent des membres d'Al-Qaeda le font «à leurs risques et périls» et ont été prévenues que cela pouvait être dangereux pour elles, a déclaré dimanche à l'AFP le chef de l'unité anti-terroriste yéménite.
«Nous ne faisons pas d'opérations aveugles: nous informons largement les citoyens des régions concernées qu'il ne faut pas accepter la présence d'éléments d'Al-Qaeda chez eux», a assuré le général Yahya Saleh, lors d'une entrevue dans son bureau de Sanaa.
Les 17 et 24 décembre, des raids aériens contre des positions présumées d'Al-Qaeda dans la péninsule arabique (AQPA) ont tué une soixantaine d'islamistes extrémistes et des dizaines de civils, membres de tribus locales, qui se trouvaient dans les environs.
«Si les tribus acceptent la présence d'Al-Qaeda chez eux, malgré les avertissements que nous lançons à la télévision, dans les journaux, à la radio, elles le font en connaissance de cause. Elles ont été prévenues» a ajouté le général Saleh, neveu du président Ali Abdallah Saleh.
«Si certaines tribus aident et protègent Al-Qaeda, c'est souvent parce que des membres de la tribu font partie du réseau, ou parce qu'un terroriste a épousé une femme de la tribu, ou parce qu'Al-Qaeda leur donne de l'argent», a-t-il ajouté.
«Le Yémen n'est pas l'Afghanistan ou le Pakistan, où l'idéologie du jihad est forte. Ici, les tribus sont toujours du côté de celui qui paie, en fonction de leurs intérêts. Ils peuvent vendre les hommes d'Al-Qaeda du jour au lendemain», a-t-il encore dit.
Le général Saleh, chef de cette unité anti-terroriste créée en 2003, n'est toutefois pas favorable à la création de milices tribales anti Al-Qaeda, à l'image des «Sahwas» (Réveil), créés et financés par les États-Unis en Irak, qui leur ont permis, en payant des tribus, de les retourner contre les insurgés sunnites.
«Trop dangereux», sourit-il. «Si vous faites cela ici, les tribus nous livreraient des soi-disant membres d'Al-Qaeda par centaines, juste pour toucher de l'argent. Ce serait trop facile et peu efficace».