L'Iran a «suspendu» la participation des pèlerins iraniens au «petit pèlerinage» à La Mecque pour protester contre le «comportement choquant» de la police religieuse saoudienne à leur encontre, a indiqué dimanche un responsable iranien à l'AFP.

«Nous avons décidé de suspendre la participation au petit pèlerinage (omra) en raison de la manière choquante dont les agents saoudiens de la promotion de la vertu et de la prévention du vice ont traité nos pèlerins», a déclaré à l'AFP le responsable de la communication de l'organisation iranienne du pèlerinage, Abdollah Nassiri.

Il a ajouté que cette suspension, décidée après la fin du «grand pèlerinage» (Hajj) en novembre durant lequel les pèlerins iraniens auraient été particulièrement maltraités, était motivée par des raisons «religieuses et non politiques».

«Musulmans chiites, les Iraniens ont certains rituels différents (de ceux des sunnites), comme des prières spéciales dans les mosquées de La Mecque et de Médine, ce qui a entraîné des interventions brutales de ces agents contre nos pèlerins», a expliqué M. Nassiri. «Nous voulons nous assurer que ces comportements cesseront», a-t-il ajouté.

Le responsable de l'organisation iranienne du pèlerinage, Ali Layali, a indiqué de son côté que des négociations étaient en cours entre Téhéran et Riyad pour tenter de régler ce problème récurrent.

«Nous avons décidé d'avoir des discussions avec les Saoudiens en raison du comportement choquant de la police (religieuse) durant le dernier hajj et le dernier omra», a-t-il indiqué à l'agence Fars.

«Tant que les discussions n'auront pas abouti, je ne peux pas dire quand l'omra reprendra» pour les pèlerins iraniens, a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite est gouvernée selon les préceptes de l'islam wahhabite, version ultra-rigoriste de l'islam sunnite dont les éléments les plus extrêmes vont jusqu'à considérer que l'islam chiite et ses rites sont teintés d'hérésie.

Les incidents entre pèlerins iraniens et forces de l'ordre saoudiennes lors des pèlerinages à La Mecque se sont multipliés après la révolution islamique de 1979 en Iran, dont les dirigeants critiquent régulièrement l'inféodation du régime saoudien à Washington.

En 1987, des affrontements avaient fait 274 morts parmi les pèlerins iraniens lors du hajj, entraînant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays pendant près de quatre ans.

Deux hauts dignitaires religieux iraniens conservateurs, les ayatollahs Nasser Makarem Shirazi et Jafar Sobhani, ont récemment dénoncé «le manque de respect», les «mauvais traitements», voire «les humiliations» imposées selon eux par les autorités saoudiennes aux pèlerins iraniens.

La semaine dernière, le parlement iranien a condamné, en termes très vifs, les déclarations d'un haut dignitaire religieux saoudien qui avait publiquement critiqué les musulmans chiites irakiens et accusé le grand ayatollah irakien Ali Hussein al-Sistani, l'une des principales figures actuelles de l'islam chiite, d'être «athée et debauché».

«Une fois de plus, la voix des Américains s'est exprimée par l'intermédiaire d'un religieux wahhabite en Arabie saoudite», a affirmé la déclaration adoptée par le majlis.