Sept personnes ont été tuées mardi, dont six par les forces afghanes de sécurité, lors d'une manifestation de villageois accusant les forces de l'OTAN d'avoir profané un Coran dans le sud de l'Afghanistan, a affirmé mercredi le porte-parole du gouverneur local.

Daoud Ahmadi s'exprimait au nom du gouvernorat du Helmand au terme d'une enquête qui a permis de faire la lumière sur un incident confus survenu à Garmser, dans cette province du Helmand fief des talibans.

«Les manifestants ont tiré sur des agents du renseignement et en ont tué un. Les agents du renseignement ont riposté en état de légitime défense. Au total, six manifestants ont été tués et dix autres ont été blessés», a déclaré M. Ahmadi.

Environ un millier de personnes avaient afflué vers le siège des services de renseignement de Garmser. Les villageois accusaient les forces internationales d'avoir brûlé et lacéré un exemplaire du Coran lors d'une opération dimanche.

Le gouvernorat accuse les talibans d'avoir lancé cette fausse rumeur après une opération des forces internationales lundi visant un trafiquant de drogue local.

«Après cette opération, le mollah Rahim (un des principaux chefs talibans du Helmand) a lancé la rumeur selon laquelle les soldats avaient bafoué un exemplaire du Coran», a affirmé le porte-parole.

Kamaluddin Khan, le numéro 2 de la police de la province du Helmand, avait assuré auparavant à l'AFP que huit manifestants avaient été tués.

Des témoins interrogés par l'AFP et un responsable des services afghans de sécurité s'exprimant sous couvert de l'anonymat avaient affirmé que des soldats de l'OTAN avaient également tiré sur les manifestants, ce que l'OTAN a «catégoriquement démenti», tout comme le porte-parole du gouvernorat.

De son côté, la force internationale de l'OTAN (Isaf) a reconnu avoir seulement abattu un sniper taliban qui avait tué un responsable afghan en marge de cette manifestation.

«Nous continuons notre enquête sur des informations apparues dans les médias. Le seul tir dont nous ayons connaissance venait du toit d'une maison. Le tireur avait été identifié et nous l'avons abattu», a déclaré à l'AFP le sergent Jeff Loftin, un porte-parole de l'OTAN.

Un responsable de l'hôpital de Lashkar Gah, la capitale du Helmand, a indiqué à l'AFP n'avoir reçu que dix blessés «touchés par balles au ventre, à la tête et aux jambes».

«Deux d'entre deux sont dans un état grave», a souligné le médecin.

Dans la matinée, le gouverneur de la province avait envoyé une délégation pour déterminer les circonstances de l'incident.

L'OTAN a «démenti complètement les accusations de profanation du Coran».

De telles accusations envers les forces internationales sont courantes.

Le 26 octobre, au moins trois Afghans avaient été blessés par des tirs de la police à Kaboul quand des manifestants accusaient des soldats étrangers d'avoir brûlé un Coran. Les autorités afghanes et l'OTAN avaient indiqué avoir enquêté sur cette histoire et conclu qu'elle était fausse.