Le nucléaire iranien a fait une autre victime, et ce n'est pas la faute aux radiations. Massoud Ali Mohammadi, professeur de physique nucléaire à l'Université de Téhéran âgé de 50 ans, a été tué hier par l'explosion commandée à distance d'une moto piégée alors qu'il quittait son domicile à Téhéran, selon le correspondant d'AFP sur place.

Le gouvernement iranien a attribué l'attentat à Israël et aux États-Unis. «Les premiers éléments de l'enquête montrent des signes de l'action maléfique du triangle États-Unis, régime sioniste et leurs mercenaires», a accusé le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Ramin Mehmanparast.

«Ces actions terroristes et l'élimination de savants nucléaires du pays n'empêcheront certainement pas le programme nucléaire de l'Iran mais vont l'accélérer bien au contraire», a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont été prompts à démentir toute implication. «Absurde», ont répondu les porte-parole de la diplomatie américaine à Washington et celui de la Maison Blanche.

Second à disparaître

M. Ali Mohammadi est le second scientifique nucléaire iranien à disparaître en un an. L'an dernier, un autre physicien nucléaire, Shahram Amiri, a disparu lors d'un pélerinage en Arabie Saoudite.

L'Iran est menacé de nouvelles sanctions internationales pour son programme nucléaire. Le régime affirme qu'il utilise le nucléaire à des fins pacifiques, mais l'Occident craint plutôt qu'il ne cherche à se doter de l'arme atomique.

Qui pouvait bien vouloir la peau de Massoud Ali Mohammadi? Hier, les activités du scientifique dans le domaine nucléaire n'étaient pas confirmées. Selon des étudiants interrogés par l'AFP, l'homme était spécialiste en physique des particules. Il avait travaillé avec le Corps de Gardiens de la Révolution et a été présenté comme «un professeur bassidji», ou membre de la milice islamique.

Mais selon un porte-parole de l'Agence atomique iranienne, cité par AP, le scientifique n'était pas lié à l'agence.

Certaines sources officielles ont désigné des groupes d'opposition au régime, appuyés par Israël, tandis que des sites d'opposition ont affirmé que le scientifique avait appuyé Mir Hossein Moussavi, le candidat rival d'Ahmadinejad aux dernières élections.

Les Israéliens ou le régime?

Pour le professeur Haroon Akram-Lodhi, de l'Université Trent, une implication américaine est à écarter d'emblée. Les services secrets israéliens, par contre, pourraient y avoir trouvé un intérêt. Les installations nucléaires iraniennes sont bien protégées, note-t-il.

«Ce serait extrêmement difficile de les détruire, dit M. Akram-Lodhi, joint hier par La Presse. C'est donc possible que le Mossad ait pu être impliqué parce qu'éliminer un des dirigeants du programme nucléaire serait une méthode plus efficace que détruire les installations. Mais en ne sachant pas si le scientifique était impliqué ou non dans le nucléaire, c'est difficile à dire.»

L'auteur le plus plausible serait le régime lui-même, croit Haroon Akram-Lodhi. «Son appui à l'opposition est documenté et sa mort envoie un message au mouvement vert, dit-il. Sa mort n'aura aucun impact sur le programme nucléaire, puisque le professeur travaillait dans une autre discipline de la physique.»

Photo: Reuters

Massoud Ali Mohammadi.