Les Jordaniens ont reconnu que l'auteur présumé de l'attentat contre des responsables de la CIA en Afghanistan, revendiqué par les talibans, collaborait avec leurs services de renseignements mais ses proches mettent en doute le fait qu'il ait pu commettre une telle attaque.

«La Jordanie a bénéficié depuis un an d'informations antiterroristes cruciales de Humam Khalil al-Balawi qu'elle a partagées avec les services avec lesquels nous collaborons dans la lutte antiterroriste», a indiqué mercredi à l'AFP un haut responsable jordanien sous couvert de l'anonymat.

«Nous avons partagé avec les Etats-Unis les informations relatives à l'Afghanistan», a ajouté le haut responsable.

«Tant la Jordanie que les Etats-Unis ont encouragé Humam à poursuivre sa collaboration en matière de sécurité.»

Cette source a toutefois réitéré que la Jordanie ne disposait d'aucune preuve que l'attentat ayant fait huit morts, dont sept agents de la CIA, le 30 décembre sur une base de la CIA en Afghanistan ait été commis par Balawi, comme l'affirment des médias américains.

Son épouse turque a aussi affirmé mercredi qu'il était impossible que son mari soit coupable de tels faits.

«Mon mari ne peut pas être un agent de la CIA ou de la Jordanie, parce que c'était un homme tranquille. Je ne pense pas qu'il ait pu faire cela», a déclaré Defne Bayrak au téléphone à la télévision turque NTV.

«Il ne m'a jamais parlé de cela, et je ne pense pas que cela soit vrai», a ajouté la femme qui vit en Turquie.

Selon Defne Bayrak, son mari qu'elle a épousé il y a neuf ans, ne s'est pas rendu en Afghanistan, mais au Pakistan, pour suivre des études de médecine.

«Il voulait devenir chirurgien (...) Nous avons parlé pour la dernière fois au téléphone il y a environ un mois et demi. Il n'y a rien eu d'anormal dans notre conversation. Il a parlé de venir en Turquie», a-t-elle ajouté.

En soirée, une source jordanienne proche du dossier a indiqué que «tout montre que Balawi a été tué dans l'attentat suicide», ajoutant cependant n'avoir «aucun moyen de vérifier si c'était lui le kamikaze».

L'attaque a également coûté la vie à un capitaine des services de renseignements jordanien, Ali bin Zeid, cousin éloigné du roi Abdallah II.

Depuis l'attentat, la Jordanie souligne sa détermination à poursuivre sa guerre contre le terrorisme pour expliquer la présence d'un agent jordanien avec des membres de la CIA.

«Nous n'attendrons pas que le terrorisme frappe de nouveau à notre porte comme cela a été le cas en 2005», lorsque trois hôtels ont été la cible d'attaques revendiquées par le Jordanien Abou Moussab Zarqaoui, numéro deux d'Al-Qaïda, faisant 60 morts, a insisté le haut responsable. «Notre politique est d'aller de l'avant et de poursuivre les terroristes même hors de nos frontières».

Citant des responsables du renseignement américain, le quotidien New York Times indique que Balawi était également perçu par l'agence de renseignement américaine comme sa meilleure source d'informations sur Al-Qaïda depuis des années.

Le journal affirme que le passé extrémiste de Balawi était connu des renseignements jordaniens et américains, mais que les deux services pensaient qu'il avait été persuadé de se retourner contre ses anciens coreligionnaires islamistes.

La mère de Balawi, Shanara Fadel al-Balawi, a affirmé à l'AFP que son fils «n'a jamais été extrémiste et ne partage pas les opinions extrémistes». Elle a cependant confié être sans nouvelles de lui depuis février 2009.

Un des frères de Balawi a affirmé que la famille avait reçu un coup de téléphone anonyme le 31 décembre provenant d'Afghanistan l'informant de sa mort dans l'attaque.

Mais son père, Khalil al-Balawi, a tenu à souligner que, faute d'informations sûres, il ne pouvait confirmer sa mort.