Les États-Unis n'ont cessé d'augmenter leur aide économique et militaire au Yémen ces dernières années pour contrer Al-Qaïda et cette tendance devrait se confirmer après l'attentat manqué contre un avion américain, ont fait valoir mercredi des responsables américains.

La menace a pris corps le jour de Noël, lorsqu'un jeune Nigérian, Umar Farouk Abdulmutallab, a tenté de faire exploser un avion de ligne américain volant vers Detroit, après avoir, selon ses dires, été entraîné par Al-Qaïda au Yémen.

«D'une certaine manière, cet incident a attiré l'attention du public sur le Yémen», a expliqué à l'AFP un haut responsable du département d'Etat américain. Mais «ce gouvernement, comme d'autres dans le monde, est attentif depuis un moment à ce qui se passe là-bas», a-t-il souligné.

«Depuis un an, nous cherchons activement à voir ce que nous pouvons faire, de quelle façon nous pouvons accélérer le processus d'aide» à ce pays instable, a-t-il ajouté.

Pour l'année fiscale 2010, l'assistance américaine au développement et à la sécurité apportée au Yémen devrait grimper à 63 millions de dollars, contre 40,3 millions en 2009, selon un porte-parole du département d'Etat, Darby Holladay.

«L'aide au développement cherche à améliorer certaines des conditions exploitées par les terroristes pour recruter» dans ce pays, le plus pauvre du monde arabe, a-t-il déclaré à l'AFP.

Ce financement s'ajoute au fonds américain destiné tous les ans à aider les pays partenaires à lutter contre le terrorisme.

«En 2009, le Yémen a obtenu 67 millions de dollars pour soutenir ses efforts en matière de contre-terrorisme et de contrôle des frontières», selon M. Holladay.

Ce montant a considérablement augmenté depuis 2006, où seuls 4,6 millions de dollars avaient été débloqués. Et il fait peu de doute que cette enveloppe va encore se gonfler cette année.

Par le biais de ce fonds, Washington aide Sanaa à former ses forces armées et à les équiper, en radios, pièces détachées d'hélicoptères, camions et bateaux de patrouille, a précisé un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman.

Les deux pays collaborent aussi en matière de renseignement, et les Etats-Unis sont fortement soupçonnés d'avoir récemment prêté main forte aux Yéménites pour mener des raids aériens visant des bases d'Al-Qaïda.

Selon le New York Times, le Pentagone a également envoyé ces derniers mois des forces spéciales pour entraîner des militaires yéménites.

L'aide au Yémen est d'autant plus urgente que ce pays connaît de graves problèmes économiques, en sus des attaques d'Al-Qaïda et d'une rébellion shiite sur son sol.

«L'une des raisons pour lesquelles Al-Qaïda peut fonctionner au Yémen réside dans le fait que le gouvernement ne contrôle pas tout le territoire, et qu'il n'a pas les moyens de fournir des services de base à la population», juge le haut responsable du département d'Etat.

Les Etats-Unis cherchent ainsi via leurs programmes à créer des emplois, aider les agriculteurs, construire des écoles et améliorer les services de santé dans les régions les plus reculées.

Mais ces initiatives se heurtent à des problèmes de sécurité, en l'absence de troupes américaines sur le terrain.

«Il est absolument impossible de se rendre dans certaines zones», admet le responsable.

Selon cette source, Washington consulte actuellement ses alliés européens et les pays du Golfe voisins du Yémen pour «mobiliser de l'aide», mais celle-ci sera conditionnée à l'assurance qu'elle sera bien utilisée.

Les efforts de Washington ne semblent toutefois pas convenir à Sanaa, où un responsable gouvernemental a déclaré à l'AFP mercredi que «l'assistance américaine n'(était) pas à la mesure des efforts que déploie le Yémen» pour lutter contre Al-Qaïda.