L'Iran et le Kazakhastan ont démenti mercredi les informations d'un rapport selon lesquelles Téhéran serait sur le point de conclure un accord pour l'importation clandestine d'uranium purifié du Kazakhstan.

Yerzhan Achikbaïev, porte-parole de la diplomatie kazakhe, a démenti toute implication des autorités, affirmant que l'ex-république soviétique respectait totalement ses obligations internationales en la matière. «Toutes les activités du Kazakhstan en matière d'uranium sont sous le contrôle de l'AIEA», l'Agence internationale de l'énergie atomique, a-t-il déclaré à l'Associated Press. Un porte-parole de Kazatomprom, la société publique kazakhe chargée de l'extraction du minerai, a également démenti toute implication.Dans un communiqué adressé à l'AP à Téhéran, la mission iranienne auprès de l'ONU à New York a pour sa part dénoncé le rapport, qualifié de «fabrication totalement sans fondement».

Ce rapport a été rédigé par l'un des pays membres de l'AIEA, et l'AP en a obtenu un résumé mardi, fourni à condition que le pays en question ne soit pas identifié.

À Washington, un haut responsable américain s'exprimant lui aussi sous le couvert de l'anonymat a dit avoir eu vent de ce rapport, mais s'est refusé à en discuter plus en détail. Le porte-parole du Département d'État Ian Kelly a lui souligné que les États-Unis discutaient «avec nombre de (leurs) partenaires internationaux en matière de non-prolifération des opérations illégales menées par l'Iran en vue de s'approvisionner en nouvelles sources d'uranium ces quelques dernières années».

D'après un diplomate occidental, ressortissant d'un État membre de l'AIEA, le rapport suscite l'ôôinquiétude» des pays qui l'ont vu. L'agence onusienne est au courant, mais sans pouvoir en tirer des conclusions.

Selon le résumé de ce rapport, l'accord pourrait être conclu sous quelques semaines, et Téhéran serait prêt à débourser 450 millions de dollars, pour cette cargaison. Un «prix élevé en raison de la nature secrète de l'accord», précise ce document, et de l'engagement de l'Iran «à garder secrets les éléments fournissant le matériau». D'après un responsable du pays qui a rédigé le rapport, les «éléments» en question feraient référence à des fonctionnaires kazakhs agissant de leur propre initiative sans l'aval du gouvernement.

L'uranium purifié, ou oxyde d'uranium, dit «yellowcake», est obtenu par concentration du minerai d'uranium. Il est ensuite transformé en gaz, enrichi dans des centrifugeuses à des degrés variable: faiblement enrichi pour servir de combustible nucléaire, plus enrichi pour servir à la mise au point d'armes nucléaires.

Tout tentative d'importer une telle quantité de «yellowcake» serait non seulement en violation des sanctions pesant sur l'Iran, mais également des règles internationales habituelles: les transferts de «yellowcake» supérieures à 500 kilos annuelles doivent être validées par le Groupe des fournisseurs nucléaires (GFN, Nuclear Suppliers Group), les pays exportateurs de technologie nucléaire, chargés de faire respecter le traité de non-prolifération nucléaire.

Téhéran disposerait toujours de tonnes d'hexafluoride d'uranium (le gaz qui est transformé en uranium enrichi dans des centrifugeuses, NDLR), mais ses stocks de «yellowcake» seraient en cours d'épuisement.

Le programme iranien d'enrichissement de l'uranium en cours s'est construit sur 600 tonnes d'oxyde d'uranium importé d'Afrique du Sud dans les années 70. Et, selon l'AIEA, l'Iran aurait déjà utilisé près des trois-quarts de ces stocks.

Le Kazakhstan est l'un des trois principaux pays producteurs d'uranium au monde, ayant produit plus de 8500 tonnes l'année dernière. L'Iran n'en produirait en revanche qu'environ 20 tonnes par an, soit même pas assez pour fournir l'énergie nécessaire à un seul réacteur.