Des centaines de milliers de pèlerins chiites, bravant la crainte d'attentats par des extrémistes sunnites, affluaient samedi vers la ville sainte de Kerbala, au sud de Bagdad, pour commémorer le deuil de l'Achoura.

«Les cortèges qui se dirigent vers la vieille ville ne cessent de croître. Nous attendons 1,5 million de personnes ce soir et les hôtels sont pleins», a déclaré à l'AFP le gouverneur de Kerbala, Amal Eddine al-Her

Pour protéger ces fidèles, dont 60 000 étrangers venus du Pakistan, des pays du Golfe et d'Iran, et vérifier qu'ils ne sont pas porteurs du virus de la grippe H1N1, près de 25 000 policiers et soldats sont déployés ce week-end à Kerbala, à 110 km au sud de Bagdad, a affirmé le chef de la police de la ville, le général Ali Jassem Mohammed.

Des drapeaux noirs, verts, rouges ainsi que des portraits de Hussein et de son demi-frère Abbas, tous deux enterrés à Kerbala sont érigés dans toute la cité. Au bruit des tambourins, la foule se flagelle en signe de repentance pour ne pas avoir prêté main forte à Hussein, petit-fils de Mahomet et fils d'Ali.

Ce dernier a été tué en 680 par les troupes du calife omeyyade Yazid lors d'une bataille dans le désert de Kerbala. Il s'agissait d'un conflit pour le leadership des musulmans 48 ans après la mort du fondateur de l'islam.

«Je suis venu pour afficher ma fidélité à l'imam Hussein, mais je crains que des politiciens participent à la cérémonie pour des objectifs électoraux», assure Mohammed Abdel Hussein, 40 ans, faisant allusion aux élections législatives du 7 mars.

Karim Abdel Hamza, 60 ans, de Kerbala, partage la même préoccupation. «J'espère que des motivations politiques et électorales ne polluent pas les cérémonies», souligne-t-il.

Quatre ceintures de sécurité ont été installées autour de la cité et quatre autres dans la vieille ville près des deux mausolées de Hussein et Abbas, avait affirmé mercredi le général Osmane al-Ghanemi, chef des opérations militaires de cette ville.

Pour prévenir d'éventuels attentats suicide, comme ceux commis dans le passé par des femmes, «nous avons déployé aux trois entrées de la ville 600 éléments féminins des services de sécurité pour la fouille ainsi que des maîtres chiens et des véhicules munis de détecteurs d'explosifs», a-t-il précisé.

En mars 2004, lors de l'Achoura, des attentats quasi simultanés avaient tué jusqu'à 170 personnes et blessé 465 autres dans une mosquée chiite de Bagdad et à Kerbala.

«Le plan de sécurité prévoit aussi que des hélicoptères survolent les champs et le désert autour de Kerbala pour prévenir d'éventuels tirs d'obus contre les pèlerins», a-t-il dit.

Depuis mardi, 25 personnes ont été tuées et 128 ont été blessées dans des attaques contre des cortèges préparatoires à l'Achoura et malgré les mesures de sécurité, une bombe a explosé jeudi dans le vieille ville de Kerbala, faisant un tué et 20 blessés.

Les chiites représentent environ 15% des musulmans et sont présents au Liban, en Irak, en Iran, en Afghanistan, au Pakistan, à Bahreïn et en Arabie saoudite.