Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a relancé l'idée d'un gouvernement d'union nationale en proposant au chef de l'opposition Tzipi Livni un poste ministériel mais son offre est accueillie vendredi avec méfiance.

La presse quasi unanime, subodore une manoeuvre politique visant à affaiblir le Kadima, le parti rival dirigé par Mme Livni, en jouant sur les dissensions internes et les ambitions au sein de cette formation centriste à la base idéologique encore floue.

Elle relève que le chef du gouvernement a uniquement proposé à Tzipi Livni, un poste de ministre sans portefeuille dans son gouvernement, sans pouvoir effectif.

«Diviser pour régner», titre le quotidien Maariv quand son concurrent Yediot Aharonot évoque «un geste théatral du Premier ministre, ce pour lequel il est très doué».

Le quotidien en langue anglaise Jerusalem Post, proche du pouvoir, estime quant à lui que Netanyahu «a d'abord voulu humilier Tzipi Livni et miner le Kadima, sans parvenir à lui infliger un coup fatal».

Le chef du Likoud (droite) a pourtant justifié son offre par les «défis locaux et internationaux auxquels Israël fait face», considérant que la présence de Mme Livni qui a une réputation de modérée permettrait de rehausser l'image de son gouvernement de par le monde.

«Elle obtiendra dans le gouvernement un poste de ministre sans portefeuille» a déclaré le chef du gouvernement au quotidien Haaretz, estimant qu'en cas de refus d'autres membres de son parti, le Kadima, pourraient accepter son offre.

Il a rappelé avoir proposé de partager le pouvoir avec Mme Livni dans un gouvernement sous sa direction après les dernières législatives de février, une offre qu'elle avait rejetée.

«Je lui avais proposé la moitié du pouvoir et elle n'en avait pas voulu. Je continue d'essayer en espérant qu'au moins une partie du Kadima rejoindra le gouvernement», a-t-il poursuivi.

A l'époque il était question que Mme Livni obtienne le ministère des Affaires étrangères, poste qui a finalement été confié au chef du parti ultra nationaliste Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman.

De son côté, un dirigeant du Kadima, l'ancien ministre Haïm Ramon, proche de Mme Livni, a exprimé son scepticisme quant au sérieux de cette proposition.

«Pourquoi accorderions-nous du crédit à Netanyahu alors que personne dans le monde ne lui fait confiance?», a-t-il déclaré à la radio militaire israélienne, estimant que la proposition du chef du Likoud était une manoeuvre destinée à diviser le Kadima.

Mme Livni, ex-ministre des Affaires étrangères, n'a pas exclu quant à elle a priori la possibilité de se rallier au gouvernement de M. Netanyahu, tout en réservant sa réponse.

Elle a averti jeudi soir la direction de son parti du risque «que toute cette proposition n'ait pour unique objectif de démanteler le Kadima».

Le Kadima, dont elle est la chef, a obtenu le plus grand nombre de sièges à la Knesset (Parlement) avec 28 représentants sur 120.

Créé fin 2005 par l'ex-Premier ministre Ariel Sharon, ce parti, dont la plupart des dirigeants viennent du Likoud a été récemment déstabilisé par des tentatives de M. Netanyahu de débaucher certains de ses députés en leur faisant miroiter des postes ministériels.

Au moins deux députés du Kadima ont déjà annoncé leur intention de quitter le parti.

La coalition au pouvoir en Israël va du centre-gauche, avec le Parti travailliste, jusqu'à l'extrême-droite, représentée par des partis nationaux-religieux.

Si M. Netanyahu dispose aujourd'hui de l'appui de plus de 70 députés sur 120, face à une opposition très faible, sa majorité n'en demeure pas moins traversée par des courants opposés notamment sur la question de la colonisation en Cisjordanie.