L'envoyé spécial de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, ne demandera pas le renouvellement de son mandat à la fin de sa mission prévue en mars prochain, a annoncé vendredi un porte-parole onusien.

Le diplomate norvégien avait été au centre d'une vive polémique interne à l'ONU après le premier tour de l'élection présidentielle afghane, le 20 août, entachée de fraudes massives. Son adjoint d'alors l'avait accusé de vouloir dissimuler les fraudes avant d'être démis de ses fonctions.

«Quand Kai Eide avait commencé son travail, il avait un horizon de deux ans, tout comme ses prédécesseurs. Kai Eide a demandé au secrétaire général des Nations unies d'entamer le processus pour lui trouver un successeur», a expliqué à l'AFP le porte-parole, Dan McNorton.

«Ce n'est pas une question de démission, Kai Eide se conforme au calendrier qu'il avait indiqué lorsqu'il a pris son poste en mars 2008», a-t-il ajouté.

Le président Hamid Karzaï, installé fin 2001 au pouvoir par la communauté internationale dont les troupes venaient de chasser les talibans, avait été déclaré réélu le 2 novembre dernier par défaut, au terme d'un processus calamiteux qui s'est soldé, deux mois et demi après le premier tour, par l'abandon avant le second de son rival qui redoutait de nouvelles fraudes.

Le premier tour du 20 août avait été entaché de fraudes massives en faveur de M. Karzaï, de l'aveu de la plupart des capitales occidentales bailleurs de fonds de Kaboul.

L'Américain Peter Galbraith, ex-adjoint de M. Eide, avait été démis de ses fonctions par l'ONU après avoir affirmé que jusqu'à 30% des bulletins de vote en faveur de M. Karzaï étaient frauduleux, ce qui avait entraîné une dispute avec son chef, relayée par tous les médias internationaux comme emblématique de l'attitude ambiguë des Nations unies à l'égard du sortant.

M. Galbraith avait dénoncé le «terrible message» que constituait son renvoi, accusant son supérieur d'avoir cherché à cacher des fraudes.

«C'est un terrible message que de renvoyer un représentant de l'ONU parce qu'il s'inquiétait des fraudes dans une élection sponsorisée et payée par l'ONU», avait déclaré le 1er octobre M. Galbraith à la BBC.

Lorsque les preuves de fraude devinrent, selon M. Galbraith, «très graves», M. Eide avait refusé que ces informations soient divulguées, même auprès des ambassadeurs en poste à Kaboul, avait assuré l'Américain.