Le maire de Kaboul, condamné lundi à 4 ans de prison pour corruption et sous le coup d'un mandat d'arrêt, a repris mercredi le travail à la tête de la ville, en clamant être victime d'un complot.

«Je suis innocent. Toute cette histoire était et demeure un complot contre ma personne», a déclaré à l'AFP Mir Abdul Ahad Sahbi depuis son bureau de la mairie. Invité à préciser quels étaient les auteurs de ce «complot», le maire de la capitale afghane a répondu: «J'ai demandé au procureur général et à la Cour suprême d'enquêter sur cette affaire. Il serait déplacé de citer des noms avant la fin de l'enquête.

«C'est une conspiration contre moi, une personne qui a dédié sa vie au service de son pays et à la lutte contre la corruption», a-t-il ajouté.

Le maire de Kaboul avait été condamné lundi par un tribunal de la capitale à quatre ans de prison pour corruption et un mandat d'arrêt avait été lancé à son encontre.

«L'affaire pour laquelle il a été condamné a révélé un gaspillage de fonds publics de l'ordre de 800.000 afghanis (un peu plus de 11.000 euros)», avait déclaré à l'AFP Enayat Kamal, le procureur général adjoint de Kaboul.

«Le tribunal a condamné Mir Abdul Ahad Sahbi à quatre ans de prison, lui a ordonné de rembourser l'argent gaspillé et l'a démis de ses fonctions», avait ajouté le magistrat.

Un haut responsable du parquet général afghan a confirmé à l'AFP que le maire avait été libéré sous caution après l'énoncé de la condamnation.

«Nos requêtes concernant son limogeage et son injonction de rembourser l'argent sont toujours de mise», a déclaré Fazil Ahmad Faqiryar, un procureur général adjoint.

Le parquet n'a pas été en mesure d'expliquer comment une personne condamnée par contumace avait pu être libérée contre le paiement d'une caution.

La date d'une nouvelle audience n'a pas été annoncée. Le parquet général assure que le maire aurait dû être mis en prison, mais M. Sahbi assure n'avoir pas été détenu.

Cette affaire intervient alors que le président Hamid Karzaï, réélu au terme d'un scrutin marqué par des fraudes, est sous la pression des Occidentaux qui le somment de lutter plus activement contre la corruption.

Une conférence est prévue la semaine prochaine pour discuter de la création d'une commission spéciale de lutte contre la corruption.

Le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Kai Eide, a appelé mercredi le président Karzaï à montrer plus d'ambition dans la lutte contre la corruption.

«Les structures existent, le système légal existe, et c'est en grande partie suffisant pour lutter contre la corruption», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

«À mon avis, ce n'est pas la création d'une nouvelle structure qui devrait être au coeur de nos discussions mais la détermination politique à utiliser les structures en place», a ajouté M. Eide.