Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates est arrivé mardi matin à Kaboul pour s'entretenir avec le président afghan Hamid Karzaï et le commandement des forces internationales sur place de la décision du président Barack Obama d'envoyer 30 000 soldats en renfort.

Ce déplacement constitue la première visite officielle en Afghanistan d'un membre de l'administration Obama depuis l'annonce par Washington, il y a une semaine, de la rapide augmentation du contingent américain à 100 000 hommes, en vue de combattre une insurrection islamiste en plein essor.

«Nous voulons parler avec le président Karzaï et le ministre (afghan de la Défense, Abdul Rahim) Wardak de la décision du président, de sa mise en oeuvre, et de la manière dont seront utilisés ces renforts en partenariat avec les forces afghanes», a expliqué M. Gates à des journalistes à bord de l'avion l'emmenant vers la capitale afghane.

Le chef du Pentagone, qui devait rencontrer mardi matin M. Karzaï, prévoit également d'évoquer avec lui la formation de l'armée et de la police afghanes, pierre angulaire de la stratégie du président Obama, qui doit permettre à terme aux troupes étrangères de quitter le pays.

Interviewé dimanche sur CNN, le président Karzaï a déclaré que les Afghans voulaient reprendre les responsabilités de la sécurité de leur pays «le plus tôt possible», mais il a indiqué que deux ans seraient nécessaires pour entraîner les forces afghanes.

M. Gates compte aussi assurer le gouvernement afghan de l'engagement à long terme des États-Unis dans le pays, alors que l'évocation par le président Obama d'une date de début de retrait des soldats américains, en juillet 2011, a provoqué des réactions inquiètes de Kaboul et d'Islamabad.

«Nous comptons être leur partenaire pour longtemps», a-t-il affirmé.

Enfin, alors que M. Karzaï, réélu au terme d'un scrutin entaché de fraudes massives, devait soumettre ce mardi la composition d'une partie de son nouveau gouvernement au Parlement, M. Gates a promis d'évoquer «l'importance pour nous d'avoir des ministres compétents et honnêtes dans les secteurs-clés de la Défense ou de l'Intérieur».

Selon lui, les ministres détenant ces portefeuilles dans le précédent gouvernement étaient «très compétents».

M. Gates s'entretiendra par ailleurs avec des membres de l'état-major à la tête des troupes américaines et de l'OTAN sur place, en l'absence toutefois du numéro un des forces internationales en Afghanistan, le général américain Stanley McChrystal, qui devait témoigner le même jour devant le Congrès à Washington.

Le secrétaire américain à la Défense discutera notamment avec eux du défi logistique que représente l'arrivée d'importants renforts en Afghanistan, alors qu'il a signé vendredi l'ordre de déploiement d'une première vague de 17 000 soldats américains, attendus sur le terrain «d'ici mars ou avril».

«Cela va demander beaucoup d'efforts», a-t-il reconnu.

Il rencontrera aussi des GI's, auxquels il veut «dire que nous sommes là pour gagner».

L'arrivée du chef du Pentagone à Kaboul coïncide avec la tenue depuis vendredi d'une importante offensive vendredi par 900 militaires des forces américaines et britanniques de l'OTAN et 150 soldats de l'armée afghane dans la province de Helmand, d'où provient l'essentiel de la production afghane d'opium.

Les nouveaux renforts américains seront priorité envoyés vers le Helmand, Kandahar, dans le sud afghan, fief historique des talibans et théâtre des plus violents combats.

L'année 2009 est la plus meurtrière depuis la chute du régime taliban en 2001, aussi bien parmi les civils que les militaires afghans et étrangers.