Deux jours après le refus de dialoguer du mollah Omar, le président afghan Hamid Karzaï a renouvelé vendredi son appel aux talibans en les invitant à déposer les armes et à participer à la reconstruction de l'Afghanistan.

Dans une déclaration diffusée mercredi à l'approche de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha (ou Aïd el-Kébir), le chef des talibans avait exclu toute discussion avec M. Karzaï, appelant les Afghans à rompre les relations avec ce gouvernement «larbin».

Le président afghan s'est exprimé dans un message à l'occasion de la fête de l'Aïd, expliquant que «ceux qui agissent armés contre leur pays», devraient aider à reconstruire le pays. Il a également proposé à nouveau à son adversaire malheureux à la présidentielle, l'ancien chef de la diplomatie Abdullah Abdullah, de le rejoindre pour aider l'Afghanistan.

«Des talibans, de l'Hezb-e-Islami et de tous nos autres frères qui agissent armés contre leur pays, j'espère que pour la paix, la stabilité et le développement de leur pays, ils reviendront vers leur mère-patrie et leurs familles», a noté Hamid Karzaï.

Interrogé sur le refus du mollah Omar de participer à des discussions, le président afghan a précisé que «nous continuerons à les inviter jusqu'à ce que ce pays trouve la paix et la stabilité».

Ce nouvel appel à la réconciliation nationale survient alors que le président américain Barack Obama étudie le projet d'envoyer des dizaines de milliers de soldats supplémentaires en Afghanistan.

Des responsables militaires américains s'attendent à un déploiement de 32.000 à 35.000 hommes environ à partir de février ou mars. Il s'agirait des renforts les plus importants depuis le début de la guerre il y a huit ans.

Par le passé, les Etats-Unis s'étaient dit prêts à un processus de réconciliation pour les talibans désireux de renoncer à la violence. La communauté internationale reconnaît la nécessité de discuter avec le groupe, mais les conditions de tels pourparlers, et leur calendrier, sont un sujet de discorde.

En août, le représentant de l'ONU dans le pays, le diplomate norvégien Kai Eide, avait appelé à des discussions avec les dirigeants des talibans. «Si vous voulez des résultats utiles, vous devez parlez à ceux qui sont utiles. Si vous voulez des résultats importants, vous devez parler à ceux qui sont importants», avait-il noté.

Un mois auparavant, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband avait insisté sur des discussions avec les combattants eux-mêmes. Il avait souligné que les commandants fondamentalistes devaient être poursuivis et les miliciens ordinaires bénéficier d'une bienveillance s'ils acceptaient de ôôquitter la voie de l'affrontement contre le gouvernement».

Malgré les appels à la réconciliation, les violences ne faiblissent pas, notamment dans l'est et le sud du pays. Dans la province instable de Kandahar, le gouverneur Turyalai Wesa, a survécu vendredi à une tentative d'assassinat. Une bombe, déclenchée à distance, a explosé au passage de son convoi devant une mosquée, selon son porte-parole. Un policier a été blessé.