Sous pression américaine, Israël a proposé une suspension partielle et temporaire de la colonisation en Cisjordanie dans le but de relancer le processus de paix, une initiative mort-née en raison du refus des Palestiniens qui la considèrent insuffisante.

Le premier ministre Benjamin Netanyahu a demandé à son cabinet de sécurité, qui réunit les plus importants ministres, d'«approuver la suspension temporaire des nouveaux permis de construction en Judée-Samarie (nom biblique de la Cisjordanie, ndlr) pendant dix mois», selon un communiqué officiel. «Ce n'est pas un geste simple ni aisé, mais il contient plus d'avantages que d'inconvénients», a expliqué lui-même M. Netanyahu. «Il nous permet de montrer au monde une simple vérité, à savoir que le gouvernement israélien veut ouvrir des négociations avec les Palestiniens (...) et que ses intentions de parvenir à la paix sont sérieuses», a-t-il plaidé.

«Geler la construction en Judée-Samarie vise à laisser une fenêtre ouverte pour les négociations avec les Palestinien. Le temps ne joue pas pour nous et il est impératif d'aller de l'avant. Toute autre alternative est pire», a averti le ministre de la Défense Ehud Barak.

Les États-Unis ont réagi favorablement, en disant espérer que l'offre israélienne «mènera à une relance» du processus de paix.

Mais celle-ci a été rejetée par les dirigeants palestiniens avant même qu'elle ne soit annoncée officiellement.

Elle ne mentionne pas en effet de gel de la construction dans le secteur oriental de Jérusalem, à majorité arabe et annexé par Israël en juin 1967, une question non négociable pour les Palestiniens qui veulent faire de Jérusalem-est la capitale de leur futur État.

«Aux yeux des Palestiniens et des Arabes, Jérusalem est une ligne rouge à ne pas franchir. Le retour aux négociations doit se faire sur la base d'un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie, y compris à Jérusalem», a déclaré à l'AFP Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas.

Israël considère l'ensemble de Jérusalem, y compris le secteur oriental dont l'annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, comme sa capitale indivisible.

Environ 270.000 Palestiniens vivent à Jérusalem-est, ainsi que quelque 200.000 Israéliens, installés dans une douzaine de nouveaux quartiers. Les Palestiniens arguent que Jérusalem-est représente plus du tiers (37%) des implantations juives dans les Territoires palestiniens.

«L'exclusion de Jérusalem (d'un gel de la colonisation) est un problème très, très sérieux pour nous. Israël doit arrêter de violer les lois internationales», a estimé mercredi le premier ministre palestinien Salam Fayyad, un modéré.

Face à Israël, les Palestiniens continuent de s'accrocher à leur demande d'arrêt total de la colonisation avant de reprendre les négociations de paix, suspendues depuis près d'un an en dépit des efforts de l'administration américaine pour les relancer.

La déclaration de M. Netanyahu «ne constitue pas un arrêt de la colonisation car Israël va poursuivre la construction de 3.000 logements et de bâtiments publics en Cisjordanie et exclut Jérusalem», a dit à l'AFP le principal négociateur palestinien Saëb Erakat.

L'État hébreu doit «cesser toute activité de colonisation, y compris la croissance naturelle (dans les colonies), y compris à Jérusalem-est» afin de permettre la reprise des discussions de paix, a insisté M. Erakat depuis Buenos Aires où il est en visite officielle avec le président Abbas.

Du côté israélien, les colons, les religieux et l'extrême droite ont déploré la proposition de Benjamin Netanyahu, synonyme à leurs yeux de la «fin des colonies».