Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a appelé lundi l'Iran à trouver «une solution juste» avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire en recevant son homologue Mahmoud Ahmadinejad.

Le président brésilien a également réitéré que son gouvernement reconnaissait le droit de l'Iran à développer «l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, en respect total des accords internationaux». Lula a demandé expressément à Ahmadinejad de «poursuivre les contacts avec les pays intéressés (les puissances occidentales) pour une solution juste et équilibrée de la question nucléaire en Iran», lors d'une déclaration faite à l'issue d'un entretien de près de trois heures avec le dirigeant iranien.

Les Occidentaux accusent l'Iran de chercher à acquérir l'arme atomique sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a entamé lundi une visite controversée de vingt-quatre heures au Brésil, un pays qui privilégie le dialogue pour amener le régime iranien isolé à coopérer sur le dossier nucléaire.

Arrivé en milieu de journée après une escale en Gambie, le dirigeant iranien a aussitôt rencontré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui cherche à imposer le géant sud-américain comme un médiateur au Proche-Orient pour y faire avancer la paix.

Au cours des dix derniers jours, Lula a reçu successivement le président israélien Shimon Peres et le leader palestinien Mahmoud Abbas.

Un important dispositif de sécurité a tenu à l'écart deux petits groupes de manifestants, l'un pro-Ahmadinejad, l'autre opposé à cette visite.

Après la signature d'accords de coopération, les deux présidents devaient faire une déclaration à La Presse et avoir un déjeuner de travail. Dans l'après-midi, Mahmoud Ahmadinejad devait dialoguer avec des étudiants dans une université de Brasilia.

Isolé sur la scène internationale, Ahmadinejad effectue une tournée pour chercher des soutiens auprès des dirigeants latino-américains de gauche face aux Occidentaux. Après le Brésil, il devait se rendre au Venezuela, chez son «ami» Hugo Chavez, bête noire de Washington dans la région, puis en Bolivie et s'arrêter au Sénégal sur le chemin du retour.

La visite d'Ahmadinejad sera la première d'un président iranien au Brésil et marquera la troisième rencontre entre les deux présidents. Lula doit se rendre en Iran dans le courant du premier semestre 2010.

Le président iranien est accompagné d'une imposante délégation de 130 personnes et de 150 chefs d'entreprise. Les échanges commerciaux entre les deux pays se son élevés à près d'un millard de dollars de janvier à octobre et un des objectifs de Téhéran, selon <i>La Presse</i> brésilienne, est de les faire passer à 15 milliards de dollars.

Cette visite a suscité de nombreuses manifestations de protestations. Dimanche à Rio, un millier de personnes appartenant à des associations juives, antiracistes, de défense des droits des homosexuels notamment scandaient «Brésil: c'est quoi cet invité?»

Le gouverneur de Sao Paulo, José Serra, principal opposant à Lula, a publié lundi dans la presse un éditorial, sous le titre «une visite indésirable», déplorant que le Brésil reçoive «le chef d'un régime dictatorial et répressif».

Les Occidentaux accusent l'Iran de chercher à acquérir l'arme atomique sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément.

Alternant les déclarations contradictoires sur ses intentions, Téhéran s'est dit prêt dimanche à poursuivre les négociations à la condition d'obtenir des «garanties» pour la livraison de combustible par les grandes puissances, après avoir rejeté la semaine dernière une offre internationale visant à assurer à l'étranger une partie de l'enrichissement de son uranium afin de lever les doutes sur ses ambitions nucléaires,

Lula, un ancien leader syndical au pouvoir depuis 2003, défend le droit de l'Iran au nucléaire civil. Dans une interview à l'AFP en septembre, il s'était dit opposé à de nouvelles sanctions contre Téhéran, prônant la voie diplomatique pour convaincre l'Iran de coopérer.

Le Brésil occupera en 2010 et 2011 un siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.