Les six grandes puissances négociant sur le nucléaire iranien se sont dites «déçues» vendredi par l'attitude de Téhéran, qui n'a pas répondu «positivement» à l'offre de l'AIEA sur l'enrichissement de son uranium, mais l'idée de sanctions semble écartée dans l'immédiat.

«Nous sommes déçus par le manque de progrès» depuis la réunion entre les Six et l'Iran à Genève le 1er octobre, a indiqué le représentant du diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana, Robert Cooper, à l'issue d'une rencontre entre les représentants des pays concernés (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, ainsi que l'Allemagne) à Bruxelles. «L'Iran n'a pas répondu positivement à la proposition d'accord de l'AIEA concernant un réacteur nucléaire de recherche à Téhéran», a également déploré M. Cooper.

Les grandes puissances ont exhorté Téhéran à engager «un dialogue sérieux» avec elles.

Un haut responsable de l'UE a précisé de son côté que la question des sanctions à l'encontre de Téhéran avait été discutée au cours de la réunion entre les représentants des Six,  mais «pas de façon spécifique».

«Il y a eu une discussion générale sur les sanctions. La réponse est que sur toutes ces choses il y a une question de calendrier et ce n'était pas le bon moment», a ajouté ce responsable, sous couvert de l'anonymat.

«La stratégie de «double approche» demeure en vigueur» face à l'Iran, a-t-il dit, en référence à la politique de la carotte et du bâton de la communauté internationale incluant offre de coopération d'une part et menace de sanctions de l'autre.

Téhéran a opposé mercredi une fin de non-recevoir à l'offre internationale qui lui a été faite pour encadrer l'enrichissement de son uranium.

L'Iran refuse de transférer à l'étranger son uranium faiblement enrichi, ce qui signifie un rejet du principal point de l'offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), proposée le 21 octobre.

Le directeur général sortant de l'AIEA Mohamed ElBaradei, s'est toutefois voulu optimiste vendredi, estimant à Berlin que l'Iran à son avis n'avait pas encore apporté de «réponse définitive». Il a émis l'espoir qu'un compromis puisse être trouvé «d'ici à la fin de l'année» et émis des doutes sur l'efficacité des nouvelles sanctions contre Téhéran.

Selon le scénario proposé par l'AIEA, l'Iran expédierait environ 70% de ses stocks d'uranium faiblement enrichi (3,5%) en Russie où il serait davantage enrichi avant que la France ne le transforme en combustible pour un réacteur nucléaire de recherche à Téhéran.

Le président américain Barack Obama a affirmé jeudi que les États-Unis et leurs alliés discutaient des «conséquences» d'un tel refus pour l'Iran, évoquant implicitement des sanctions accrues.

L'Iran est déjà sous le coup de trois résolutions de l'ONU assorties de sanctions.

Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a dit mercredi vouloir une nouvelle réunion «technique» avec les États-Unis, la Russie et la France, sous l'égide de l'AIEA, pour parler du projet d'échange de son uranium faiblement enrichi contre du combustible.

Une proposition qui a été rejetée d'emblée par Paris.

Selon M. Mottaki, l'Iran était prêt à reprendre les discussions pour parler de l'échange simultané de l'uranium faiblement enrichi contre du combustible mais à condition qu'il se fasse sur son territoire, sans transfert préalable de l'uranium iranien vers l'étranger.

La question de l'enrichissement d'uranium est au centre du bras de fer entre l'Iran et le groupe des Six qui redoutent que Téhéran n'utilise l'uranium à des fins militaires.