Les six puissances négociant dans le dossier nucléaire iranien ont décidé de se réunir vendredi à Bruxelles pour étudier leur réponse, après la fin de non-recevoir émise par Téhéran à l'offre de l'AIEA.

«Demain à Bruxelles se tiendra une réunion des trois plus trois (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) au niveau des directeurs politiques, dont l'Union européenne sera l'hôte», a déclaré jeudi Cristina Gallach, la porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE Javier Solana.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a annoncé mercredi le refus de son pays de transférer à l'étranger son uranium faiblement enrichi, signifiant un rejet du principal point de l'offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique proposée le 21 octobre.

Selon des diplomates occidentaux, cette offre prévoit le transfert vers la Russie d'une grande partie de l'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%), pour qu'il y soit enrichi davantage avant d'être transformé en France en combustible pour un réacteur de recherche à Téhéran.

«Nous avons un déficit de confiance», a expliqué Ali Asghar Soltanieh, le représentant de l'Iran à l'AIEA, indiquant que l'Iran voulait «la garantie qu'au bout du compte» le combustible lui serait bien livré.

Le président américain Barack Obama a affirmé jeudi que les États-Unis et leurs alliés discutaient des «conséquences» d'un tel refus pour l'Iran, évoquant implicitement des sanctions accrues.

«Au cours des prochaines semaines, nous allons étudier un ensemble de mesures possibles à mettre en oeuvre qui montreront à l'Iran notre détermination», a-t-il dit lors d'une visite en Corée du Sud.

L'Iran est sous le coup de trois résolutions de l'ONU assorties de sanctions.

Le ministère russe des Affaires étrangères s'est montré plus optimiste estimant que la conclusion d'un accord demeurait possible et que l'heure n'était pas aux «sanctions».

«La question n'est pas actuellement de préparer des sanctions supplémentaires à l'encontre de l'Iran au sein du Conseil de sécurité de l'ONU», a déclaré le porte-parole du ministère russe, Andreï Nesterenko.

«Nous estimons que nous avons toutes les possibilités d'obtenir la mise en oeuvre des accords de Genève» portant sur l'enrichissement de l'uranium, a-t-il poursuivi.

Le chef de la diplomatie iranienne a indiqué mercredi que l'Iran voulait une nouvelle réunion «technique» avec les États-Unis, la Russie et la France, sous l'égide de l'AIEA, pour parler du projet d'échange de son uranium faiblement enrichi contre du combustible.

Une proposition qui a été rejetée d'emblée par la France.

Si un «dialogue doit se poursuivre» avec l'Iran, «il ne portera pas sur des questions techniques», a indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, indiquant que la France allait évaluer avec ses partenaires des 5+1  les «conséquences de cette réponse politique».

M. Mottaki a répété jeudi que l'Iran était prêt à reprendre les discussions pour parler de l'échange simultané de l'uranium faiblement enrichi contre du combustible mais à condition qu'il se fasse sur son territoire, sans transfert préalable de l'uranium iranien vers l'étranger.

Le transfert de l'uranium enrichi iranien vers l'étranger permettrait d'apaiser les inquiétudes internationales sur le programme nucléaire iranien en assurant un plus grand contrôle des stocks iraniens.

M. Mottaki a également rejeté les menaces de sanctions internationales, parlant d'un «langage des années 60 et 70».

La question de l'enrichissement d'uranium est au centre du bras de fer entre l'Iran et le groupe des Six qui redoutent que Téhéran n'utilise l'uranium à des fins militaires.