Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a «regretté» mercredi la décision d'Israël de construire à Jérusalem-est, qui a provoqué un tollé international, mais il s'est refusé au pessimisme quant à la relance du processus de paix, lors d'une visite mercredi en Israël.

«C'est évidemment une décision que nous regrettons. Mais en même temps, ça a toujours été fait ainsi. Pour le moment, il faut repartir dans des discussions humaines, face à face, les yeux dans les yeux», a-t-il plaidé après la signature à Jérusalem d'une convention de réhabilitation d'un hôpital de Gaza.

«C'est regrettable mais ce n'est pas ça qui va faire obstacle à la nécessité de bâtir un Etat palestinien», a-t-il renchéri dans la soirée à Tel-Aviv, après avoir rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Shimon Peres.

Le ministère israélien de l'Intérieur a autorisé mardi la construction de près de 1 000 logements dans le quartier de Gilo à Jérusalem-est annexée, en pleine controverse internationale sur la colonisation juive.

Cette décision a déclenché un concert de protestations, les Etats-Unis et l'Union européenne faisant part de leur «consternation» tandis que l'ONU rappelait que les colonies israéliennes sont «illégales».

Le président américain Barack Obama a lui-même vivement critiqué l'annonce des nouvelles constructions israéliennes. «Je crois que cela rend les Palestiniens amers, de telle manière que cela peut finir par être très dangereux», a estimé M. Obama.

Le secteur oriental de Jérusalem, où vivent quelque 200 000 Israéliens installés dans une douzaine de nouveaux quartiers ainsi que 270 000 Palestiniens, a été annexé après la Guerre des Six jours (juin 1967). Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale qui demande un arrêt total de la colonisation.

La classe politique israélienne a défendu la décision de bâtir de nouveaux logements à Gilo, un quartier juif qui fait «consensus en Israël» selon elle. Construit sur des terres palestiniennes confisquées, Gilo compte plus de 30 000 habitants.

«Je me suis fait expliquer la décision qui appartenait à la municipalité de Jérusalem. Je pense que ce n'est pas une décision politique qui a été prise par M. Netanyahu», a assuré M. Kouchner.

La décision israélienne survient pourtant au moment où le contentieux sur les colonies entrave les efforts de relance des négociations de paix, en particulier américains.

Lors d'une escale mardi à Amman, M. Kouchner a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas pour lui renouveler la «confiance» de la France.

«Il est déterminé à retourner à un processus de dialogue politique. C'est l'urgence», a affirmé le ministre français qui a fait part de la «lassitude» du président de l'Autorité palestinienne.

Interrogé sur les rumeurs de démission prochaine de M. Abbas, M. Kouchner a toutefois répondu: «Je ne pense pas qu'il va partir».

«Nous avons parlé de la paix, de la nécessité impérative, immédiate, de revenir à des discussions politiques. La nécessité pour l'avenir, pour les deux parties, est de reprendre les négociations politiques», a répété M. Kouchner, en soulignant que la France était «déterminée à jouer un rôle» pour favoriser la relance du dialogue.

«Je ne veux pas être pessimiste», a insisté le ministre français, «je veux vivre suffisamment pour voir un Etat palestinien indépendant côte à côte de l'Etat d'Israël», a-t-il dit à la fin de sa visite.

M. Kouchner doit se rendre ensuite en Afghanistan.