Mère de trois enfants, Raya al-Hassan a fait irruption dans le paysage politique libanais dominé par les hommes au Liban en décrochant le portefeuille des Finances, une première pour un poste de cette envergure.

Mais, soulignent les organisations de défense des droits des femmes, ce grand pas en avant reste insuffisant dans un pays où l'inégalité des sexes reste bien présente dans les lois.

Une seconde femme appartient au gouvernement de Saad Hariri, annoncé lundi dernier: Mona Ofeich, avocate et militante de la société civile âgée de 67 ans, a été nommée ministre d'État sans portefeuille.

Lundi, l'avocate Amal Haddad a fait la une des journaux locaux après avoir été élue bâtonnier de l'Ordre des avocats, une première depuis 1919.

«Le plafond de verre? Oui, je pense qu'on peut dire qu'il est désormais craquelé», a déclaré à l'AFP Amal Kabbara Chaarani, à la tête du Conseil de la femme qui chapeaute plusieurs organisations militantes.

Dans un pays qui se vante d'être à l'avant-garde de la libération des femmes dans le monde arabe, elles demeurent sous-représentées.

Le Liban est même derrière certains de ses voisins plus conservateurs, avec seulement quatre femmes au Parlement (sur 128 sièges).

Au gouvernement, elles ont été encore moins représentées.

La première femme à avoir fait partie du gouvernement est la fille du premier premier ministre du Liban Riad Solh, Leila Solh Hamadeh, qui a été ministre de l'Industrie de 2004 à 2005.

«Le premier ministre Saad Hariri a fait un pas en avant en désignant deux femmes dans son gouvernement, mais cela est loin d'être suffisant», souligne Mme Kabbara Chaarani.

«Nous aurions souhaité que le gouvernement soit à 30% au moins composé de femmes, surtout que 53% des votants aux élections de juin dernier étaient des femmes», a-t-elle ajouté.

«Malheureusement, dans ce pays, les femmes compétentes n'arrivent pas aux postes importants car les hommes se partagent les parts dans la vie politique et la distribution se fait en outre sur des critères confessionnels», souligne Mme Chaarani.

«Mais nos deux nouvelles ministres sont très qualifiées, c'est donc un pas en avant au moins en terme de qualité», ajoute-t-elle.

Mme Hassan, qui détient un MBÀ de la George Washington University, a contribué à la mise en place des programmes d'aide au Liban du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et de la Banque mondiale.

Depuis 2003, elle a travaillé avec trois anciens premier ministres sur l'élaboration de la politique financière.

«C'est un grand défi, je le sais très bien», a dit Mme Hassan à l'AFP. «Mais je pense que le fait d'être une femme nous donne la capacité de résister à beaucoup de pression».

«Au sein du gouvernement, j'ai l'intention de défendre mes idées avec calme et diplomatie, notamment lors des discussions sur le budget national», a-t-elle ajouté.

La tâche sera difficile car si le Liban a résisté aux effets de la crise financière mondiale, il reste l'un des pays les plus endettés au monde avec 50 milliards de dollars accumulés depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Mme Hassan doit également prendre part au débat qui doit décider de la privatisation ou non des deux secteurs problématiques des télécommunications et de l'électricité.

Pour ses détracteurs, Mme Hassan reste un pur produit de l'ère Hariri et sa politique économique ne marquera aucune rupture par rapport aux précédentes.

Saad Hariri, soutenu par Washington et Riyad, a annoncé lundi dernier la formation d'un gouvernement après quelque cinq mois de blocage et d'âpres négociations avec ses rivaux du Hezbollah, proche de l'Iran et de la Syrie.