Le président palestinien Mahmoud Abbas a de nouveau exigé mercredi un arrêt total de la colonisation israélienne comme préalable à toute reprise des négociations avec Israël.

«Le retour aux négociations dépend de l'adhésion d'Israël aux termes de référence de la paix, et cela comprend l'arrêt de toutes les colonies, y compris la croissance naturelle (dans les implantions) et incluant Jérusalem», déclaré M. Abbas lors d'un discours à Ramallah (Cisjordanie). Le président de l'Autorité palestinienne a également réclamé le démantèlement de toutes les colonies juives dans les Territoires occupés.

«Il est de notre droit de demander le démantèlement de toutes les colonies car elles sont illégales», a-t-il dit devant des dizaines de milliers de partisans rassemblés à l'occasion du 5e anniversaire de la mort du leader historique Yasser Arafat.

Keffieh sur les épaules, M. Abbas a ainsi réitéré fermement la principale revendication palestinienne -- qui a le soutien de la communauté internationale -- au moment où le processus de paix avec Israël paraît plus bloqué que jamais.

En revanche, il n'a pas dévoilé ses intentions quant à son avenir politique après que son entourage a agité ces derniers jours la menace de sa démission et d'une dissolution des institutions palestiniennes.

L'Autorité palestinienne traverse une sérieuse crise politique à la suite de la décision de M. Abbas de ne pas solliciter de deuxième mandat présidentiel lors des prochaines élections palestiniennes, prévues en janvier 2010, en raison de l'enlisement des pourparlers de paix.

Les discussions israélo-palestiniennes sont suspendues depuis bientôt un an en dépit des efforts de la communauté internationale, en particulier américains, pour les relancer. Le contentieux de la colonisation constitue la principale pierre d'achoppement à une reprise des négociations.

Les Palestiniens mettent comme condition à leur retour à la table de discussion un gel total des implantations en Cisjordanie occupée (dont Jérusalem-Est annexée en juin 1967).

Mais Israël s'y refuse et propose un gel partiel de la construction. Le gouvernement de droite de l'État hébreu, dirigé par Benjamin Netanyahu, veut une reprise du dialogue sans condition préalable.

En annonçant qu'il ne se présenterait pas à sa succession, M. Abbas cherche à faire pression sur les États-Unis afin qu'ils persuadent leur allié israélien de geler la colonisation en Cisjordanie occupée.

M. Netanyahu a été reçu à huis clos lundi par le président américain Barack Obama à la Maison-Blanche et doit rencontrer mercredi le président français Nicolas Sarkozy à l'Elysée.

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a averti que les Palestiniens n'étaient pas prêts à reprendre les discussions à n'importe quel prix. Il faudra un «mouvement international sans précédent» visant à faire pression sur Israël, a-t-il déclaré à l'AFP.

Le 5e anniversaire de la mort de Yasser Arafat, toujours pleuré par les Palestiniens, survient en pleine division de son camp.

Le président Abbas a une nouvelle fois «tendu la main» au mouvement islamiste Hamas pour une «réconciliation nationale».

Le Hamas a évincé en juin 2007 par la force le Fatah, fidèle à l'Autorité palestinienne, de la bande de Gaza, et le dialogue que les deux frères ennemis ont entamé sous l'égide de l'Égypte est dans l'impasse.

Le Hamas a interdit la tenue des élections générales palestiniennes à Gaza, menaçant ainsi de provoquer une scission totale avec la Cisjordanie.

Symbole de l'unité palestinienne, Yasser Arafat est décédé le 11 novembre 2004, à l'âge de 75 ans, à l'hôpital militaire de Clamart, près de Paris. Toute commémoration de l'anniversaire de sa mort a été bannie à Gaza