La formation d'un nouveau gouvernement libanais, attendue depuis cinq mois, était en bonne voie samedi à la suite de concessions du Premier ministre désigné Saad Hariri et du feu vert donné par le camp du Hezbollah chiite.

L'annonce de ce gouvernement d'union nationale, qui pourrait intervenir dans les 48 heures, mettrait un terme à une crise politique ayant fait craindre un retour à des violences comparables à celles de mai 2008, les plus graves depuis la fin de la guerre civile, en 1990.

Les participants «se sont mis d'accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale conformément aux règles approuvées durant les négociations», a annoncé le Hezbollah après une réunion des leaders de la minorité parlementaire, dont le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah.

En début d'après-midi, l'accord a été officiellement transmis par Gebrane Bassil, membre du Courant patriotique libre (CPL), allié chrétien du Hezbollah, au Premier ministre désigné, selon les services de M. Hariri.

La minorité doit encore transmettre le nom de ses «candidats» au sein du gouvernement, avant que M. Hariri ne soumette sa liste de ministres au président Michel Sleimane, pour approbation.

Une source au sein du CPL a affirmé à l'AFP que ces noms seraient communiqués «d'ici lundi».

«Nous sommes optimistes quant à l'annonce prochaine de la formation du gouvernement», a affirmé à l'AFP Hani Hammoud, conseiller du Premier ministre désigné.

Selon une source au sein de la majorité, M. Hariri a fait deux concessions au camp rival.

«Il a accepté de renommer Gebrane Bassil (le gendre de Michel Aoun et ministre sortant des Télécommunications) comme ministre, (ce qu'il refusait auparavant, ndlr) et de donner le ministère des Télécommunications au parti de M. Aoun», a indiqué cette source.

Des responsables de la majorité ont souvent affirmé qu'il était impossible pour M. Hariri de ne pas tenir compte des revendications du Hezbollah et de ses alliés, par crainte d'une répétition des heurts sanglants de 2008.

Le gouvernement d'alors - dominé par la majorité actuelle après la démission deux ans plus tôt du Hezbollah et de ses alliés - avait pris la décision d'enquêter sur le réseau de télécommunications propre au mouvement chiite.

Cette décision avait déclenché des affrontements à l'origine d'une centaine de morts entre partisans des deux bords et un coup de force du Hezbollah à Beyrouth.

«Nous avons gagné les élections, c'est vrai, mais nous ne pouvons répéter la même expérience (...), en vue de préserver la sécurité des citoyens et du pays», a précisé la même source au sein de la majorité.

Les deux parties sont d'accord sur la répartition des portefeuilles (15 ministres pour la majorité, 10 pour la minorité et cinq ministres «neutres» choisis par le chef de l'Etat), mais les consultations butaient sur les noms de certains ministres et les portefeuilles accordés à la minorité.

Selon la composition proposée par M. Hariri, le Hezbollah obtiendra deux ministères, a indiqué à l'AFP un député de la majorité, Okab Sakr.

M. Hariri a fait «des concessions nécessaires pour parvenir à un compromis», selon lui.

«Il existe de grandes menaces, dont la menace israélienne, celle des organisations terroristes qui tentent de tirer profit du vide gouvernemental», a-t-il ajouté.

Le gouvernement d'union nationale est une revendication de l'opposition qui refuse que la majorité s'arroge les décisions importantes, notamment sur la question de l'arsenal du Hezbollah, bête noire des Etats-Unis et d'Israël.