L'administration Obama semble en plus mauvaise posture que jamais pour gagner la paix au Proche-Orient et doit changer d'approche, commentent les experts à l'issue de la tournée controversée dans la région de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

Après neuf mois d'efforts en vain, «la politique actuelle n'est respectée ni par les Israéliens, ni par les Palestiniens. Il faut retrouver une situation où le rythme et l'avancée des négociations sont établis par les États-Unis», juge pour l'AFP Amjad Atallah, de la New America Foundation. La chef de la diplomatie américaine s'est rendue de samedi à mercredi dans la région, rencontrant à la fois les Israéliens, les Palestiniens et ses homologues arabes. Elle a pris le risque de décevoir les Palestiniens en appuyant, dès le début de sa tournée, une offre israélienne de gel partiel des nouvelles implantations de colonies juives.

L'Amérique continue, comme les Palestiniens, de réclamer un gel complet, a-t-elle expliqué en substance. Mais la proposition de gel partiel est suffisante pour reprendre le dialogue.

«Mme Clinton a tenté d'avancer sur les colonies, puisque les Israéliens ne veulent pas le faire», analyse Marina Ottaway. «Mais aux yeux des Palestiniens, elle a félicité les Israéliens pour faire avec plus de modération une chose qui est de toutes façons illégale», dit à l'AFP cette chercheuse du centre Carnegie.

Hillary Clinton, constatant l'impasse, aurait dû faire de ce voyage «un audit sur ce qui peut être fait pour changer les choses, plutôt que d'essayer de forcer les Palestiniens, la partie la plus faible, à entrer dans la négociation», assure Amjad Atallah.

L'Amérique, insiste-t-il, a elle-même affaibli les Palestiniens en soutenant leur exigence d'un gel complet des colonies, avant de faire machine arrière.

Une responsabilité américaine également pointée jeudi par l'entourage du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a annoncé qu'il ne se représenterait pas à la présidence de l'Autorité palestinienne en janvier.

L'administration s'est trompée en réclamant un gel complet qui était irréaliste, argue pour sa part dans le Washington Post Elliott Abrams, qui fut conseiller de l'ex-président George W.Bush.

Elle aurait mieux fait de rendre public un accord de gel partiel qu'avait négocié l'équipe Bush, puis de constater qu'Israël ne s'y tenait pas, poursuit-il: «À la place, nous avons eu neuf mois de n'importe quoi». 

«C'était une énorme erreur de mettre sur la table la question des colonies s'ils n'étaient pas prêts à aller jusqu'au bout», c'est-à-dire à prendre des mesures pour «dissuader» le premier ministre Benjamin Netanyahu de poursuivre la colonisation, dit Mme Ottaway.

Le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, l'une des principales priorités de politique étrangère du président américain Barack Obama, est au point mort depuis près d'un an.

L'un des arguments de Mme Clinton pour une reprise du dialogue en l'absence d'un gel total des colonies est que le temps joue contre le processus. La secrétaire d'État a aussi défini le rôle de Washington comme celui d'un «facilitateur».

Les États-Unis doivent prendre du temps pour trouver une nouvelle stratégie, jugent au contraire les observateurs, et admettre que les parties ne pourront faire la paix sans que Washington s'implique directement.

«Il faut une approche fondamentalement différente», souligne M. Atallah. «Les deux parties sont subventionnées par les États-Unis. Les États-Unis sont un acteur et doivent l'accepter».