La communauté internationale a mis lundi la pression sur l'Iran, lui demandant de répondre rapidement au projet d'accord de l'AIEA, mais Téhéran réclame de son côté une nouvelle réunion internationale à Vienne sur le combustible nucléaire pour son réacteur de recherche.

Dans un discours aux Nations unies, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed El Baradei, a de nouveau exhorté lundi l'Iran à être le plus ouvert possible et à répondre rapidement à sa proposition sur le nucléaire.

L'AIEA avait proposé le 21 octobre un accord aux termes duquel l'Iran ferait enrichir à l'étranger son uranium faiblement enrichi pour obtenir du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran, une proposition destinée à apaiser les inquiétudes sur le nucléaire iranien.

Les trois négociateurs -États-Unis, Russie, France- de ce projet d'accord l'ont accepté. Mais Téhéran ne l'a encore ni approuvé ni rejeté, et l'AIEA comme les Occidentaux cachent de moins en moins leur impatience.

Le chef de la diplomatie britannique David Miliband, en visite à Moscou, a déclaré lundi que la Russie et la Grande-Bretagne voulaient une «réponse rapide». Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a indiqué de son côté escompter une réponse positive de l'Iran.

«Si la réponse iranienne (aux propositions de l'AIEA) est dilatoire comme il me semble, nous n'accepterons pas», a prévenu pour sa part le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner à l'issue d'entretiens avec son homologue allemand Guido Westerwelle.

L'Iran a de son côté répondu qu'il souhaitait voir le projet complété, et proposé une nouvelle réunion sur le sujet au siège de l'AIEA à Vienne.

Le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, qui se trouve à Kuala Lumpur (Malaisie), a indiqué que son pays avait «étudié la proposition (mais avait) quelques remarques techniques et économiques».

Selon des diplomates occidentaux, le projet initial de l'AIEA prévoit que l'Iran livre d'ici fin 2009 1 200 de ses 1 500 kilos d'uranium faiblement enrichis (à moins de 5%) pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.

De nombreuses voix se sont élevées en Iran pour critiquer le fait que Téhéran livre ainsi l'essentiel de son stock et certains responsables ont estimé que la République islamique devait acheter son combustible plutôt que de le troquer contre une partie de son uranium faiblement enrichi.

La question des garanties sur la livraison du combustible» est «l'élément-clé» des discussions, a souligné lundi à Vienne l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh.

Pour «s'assurer que l'on tiendra compte de (leurs) inquiétudes sur des points techniques», les négociateurs iraniens sont prêt à participer «à une nouvelle série de discussions techniques (...) le plus tôt possible au siège de l'AIEA à Vienne», a-t-il indiqué à l'AFP.

Interrogé sur l'option avancée par le gouvernement iranien d'acheter du combustible nucléaire plutôt que d'exporter son uranium faiblement enrichi pour qu'il soit transformé en combustible par des pays tiers l'ambassadeur a répondu: «Nous attendons de pouvoir, comme tout autre pays, acheter (du combustible) et le payer sans aucune autre condition, bien entendu dans le cadre du système des garanties de l'AIEA.»

L'un des objectifs des pays occidentaux est de faire sortir du pays 70% de l'uranium enrichi à 3,5%, source d'inquiétude pour eux car ils soupçonnent l'Iran de vouloir utiliser son uranium pour la fabrication de l'arme atomique.

La question de l'uranium est centrale, car si le minerai faiblement enrichi est employé dans une centrale nucléaire, le minerai enrichi à 90% peut être utilisé pour fabriquer une arme nucléaire.