L'armée pakistanaise a affirmé dimanche avoir fait fuir plus de 600 combattants étrangers de Kanigurram, une des principales villes du Sud-Waziristan, dans le nord-ouest du Pakistan, où elle mène depuis 15 jours une offensive contre les talibans.

Entre 600 et 800 combattants étrangers qui se trouvaient dans la zone de Kanigurram «sont en fuite», mis en déroute par de lourds bombardements des chasseurs, des hélicoptères et de l'artillerie de l'armée, a déclaré un responsable pakistanais, le général de brigade Mohammad Ihsan à la presse, lors d'une visite organisée dans cette zone de conflit habituellement inaccessible.

Ces combattants sont principalement des Ouzbeks, mais certains sont Tchétchènes ou Arabes, a-t-il déclaré.

Des journalistes qui se déplaçaient avec l'armée dans des zones contrôlées dimanche par les militaires ont vu des maisons et des marchés partiellement détruits et des traces de déflagration d'engins explosifs rudimentaires (IED).

Kanigurram est décrite par l'armée comme un important «centre opérationnel» du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda, et une base pour les combattants islamistes ouzbeks.

Selon des analystes pakistanais, les Ouzbeks sont la nationalité la plus représentée au sein des combattants islamistes étrangers qui soutiennent les talibans au Pakistan.

Le repli de ces combattants est toutefois peut-être stratégique, mais l'armée est prête à répondre à toute nouvelle attaque, a ajouté le général.

L'armée avait lancé le 17 octobre son offensive dans le Waziristan du Sud, fief du TTP, en réponse à une sanglante série d'attentats attribués aux rebelles islamistes.

Les autorités pakistanaises, qui prévoyaient une opération d'une durée de six à huit semaines dans cette région frontalière de l'Afghanistan, indiquent désormais qu'elle pourrait prendre fin plus tôt.

Dans la journée, l'armée avait annoncé dans un communiqué que ses troupes avaient déjà commencé à progresser dans Kanigurram et que «50% de la ville» avait «déjà été nettoyé».

Les soldats progressaient rue par rue dans la ville, affrontant des tirs de snipers et un ennemi retranché dans des bunkers, avait-elle expliqué.

Au cours des dernières 24 heures, neuf «terroristes» et deux soldats ont été tués, des chiffres qui portent à 306 le nombre de combattants islamistes et à 36 celui de militaires tués depuis le début de l'offensive terrestre, selon l'armée.

Les annonces et bilans fournis par l'armée ne peuvent être vérifiés de source indépendante, les zones des combats étant inaccessibles à la presse.

«L'opération est jusqu'à présent une réussite. La résistance que nous avons rencontrée ne s'est pas manifestée avec la fermeté que nous attendions initialement», a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, en marge d'une conférence en Malaisie.

«Nous désirons atteindre nos objectifs le plus tôt possible avant l'arrivée de l'hiver. Au rythme où vont les choses, il semble que nous en serons capables», a-t-il ajouté.

L'offensive, menée sur trois fronts, progresse cependant lentement - Kanigurram est à environ 15 kilomètres des lignes de départ de l'armée, à mi-chemin des objectifs les plus importants et les plus éloignés, les villes de Makin et de Ladha.

Depuis le 17 octobre, plus de 30 000 soldats, appuyés par des avions de combat, des hélicoptères d'attaque et des tirs d'artillerie lourde, mènent une opération visant à déloger 10 000 à 12 000 rebelles du Waziristan du Sud.

Près de 250 000 personnes - sur une population estimée à 300 000 habitants dans les districts visés par l'opération - ont déjà fui Waziristan du Sud, selon les autorités.

Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague d'attentats qui a tué près de 2 300 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du TTP.