Les États-Unis ont réclamé jeudi que Téhéran apporte une «réponse formelle» à un projet d'accord de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur la fourniture à l'Iran par des pays tiers d'uranium enrichi à partir de carburant iranien, selon le département d'État.

«Il nous faut entendre une réponse formelle de l'Iran», a déclaré le porte-parole du département d'État, Ian Kelly, quelques heures après que l'AIEA à Vienne eut indiqué avoir reçu «une première réponse» de l'Iran, dont le contenu n'a pas été divulgué.

«Nous verrons quel genre de clarifications nous obtenons des Iraniens», a ajouté M. Kelly, en réitérant le plein soutien des États-Unis au projet d'accord élaboré par le directeur général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei.

Le porte-parole a également insisté sur l'«unité complète» de vues entre les parties prenantes aux négociations avec l'Iran (AIEA, États-Unis, Russie, France).

Peu avant que l'Iran ne transmette sa réponse à l'AIEA, le président de la République islamique, Mahmoud Ahmadinejad, avait estimé que les relations avec l'Occident étaient passées de la «confrontation à la coopération» sur le nucléaire.

Mais l'AIEA n'a pas précisé si l'Iran acceptait la proposition ou réclamait des amendements au projet.

Dans la matinée, les médias iraniens avaient affirmé que l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Ashgar Soltanieh, avait transmis la réponse iranienne, faisant état pour certains de «modifications» réclamées par Téhéran.

«C'était une réponse orale», a précisé un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.

D'après des diplomates occidentaux, le projet d'accord initial de l'AIEA prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1200 de ses 1500 kg d'uranium qu'il a faiblement enrichis, à moins de 5%, pour le faire enrichir à 19,75% en Russie.

Ensuite, la France en ferait des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.

Les «modifications» réclamées par l'Iran pourraient porter sur les modalités de livraison et la quantité d'uranium livrée. Il est aussi possible que l'Iran, irrité par les prises de positions très critiques de Paris, veuille limiter la France à un rôle de «sous-traitant».

M. Soltanieh a déclaré jeudi à des journalistes qu'un accord avec l'AIEA sur la fourniture à Téhéran de combustible nucléaire devait prendre en compte les «difficultés techniques et économiques» de la République islamique pour la livraison du combustible.

Un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien controversé, purement civil selon le régime islamique, mais visant, d'après les Occidentaux, la fabrication d'une bombe atomique.