L'Iran remettra jeudi à l'AIEA à Vienne sa réponse officielle à un projet d'accord crucial prévoyant le transfert d'une partie de son uranium faiblement enrichi à l'étranger pour obtenir du combustible, mais veut y apporter des changements, selon l'agence de presse Mehr.

Ali Asghar Soltanieh, le représentant de l'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique «rencontrera jeudi à Vienne (le chef de l'AIEA) Mohamed ElBaradei et donnera la réponse de l'Iran», a rapporté l'agence Mehr, qui ajoute que M. Soltanieh se rendra à Vienne mercredi.

Citant un «responsable informé», Mehr précise que «dans sa réponse définitive, l'Iran accepte le cadre élaboré lors des négociations de Vienne pour la livraison du combustible destiné au réacteur de recherche de Téhéran mais a proposé des modifications dans le texte du projet d'accord».

Mardi, la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam, citant une source informée, avait affirmé que l'Iran voulait «d'importants changements» tout en acceptant «le cadre général» du projet.

Le 21 octobre à Vienne, après deux jours et demi de négociations entre l'Iran, la Russie, les États-Unis et la France, M. ElBaradei avait présenté un projet d'accord visant à apaiser les inquiétudes des grandes puissances sur la nature des activités nucléaires iraniennes.

Washington, Moscou et Paris ont approuvé vendredi la proposition de l'AIEA, mais l'Iran a demandé quelques jours supplémentaires pour préparer sa réponse.

Selon des diplomates occidentaux, ce projet prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1.200 kg d'uranium enrichi à moins de 5% pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui opère sous surveillance de l'AIEA.

Mais plusieurs responsables iraniens ont rejeté l'idée d'envoyer cette quantité d'uranium enrichi à l'étranger. L'Iran possède actuellement un stock de 1.500 kilos d'uranium faiblement enrichi.

Les «changements» évoqués en Iran pourraient porter sur les modalités de livraison et la quantité d'uranium livrée.

Le secrétaire du Conseil de discernement, Mohsen Rezaï, un ancien chef des Gardiens de la révolution, a ainsi déclaré que Téhéran devait conserver 1.100 kilos d'uranium enrichi.

Le député Hossein Ebrahimi a affirmé que «la livraison de l'uranium devait se faire en plusieurs étapes».

Le chef de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, le conservateur Allaeddine Boroujerdi, a également suggéré que l'Iran échelonne ses livraisons.

Pour sa part, le quotidien Tehran Emrouz, proche des conservateurs modérés, explique que «la livraison en une seule fois de notre stock d'uranium est mal acceptée par l'opinion publique».

«Cela doit se faire en plusieurs étapes» et à chacune d'entre elles, les grandes puissances «doivent également faire un pas», juge le quotidien. Le premier d'entre eux doit être l'arrêt du «processus d'adoption de résolutions contre l'Iran» avant «l'annulation des précédentes résolutions et la fin de toutes les sanctions injustes qui ont imposé au pays de lourds coûts», selon Tehran Emrouz.

L'Iran fait l'objet de cinq résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont trois assorties de sanctions.

Plusieurs capitales occidentales accusent la République islamique de chercher à acquérir l'arme atomique sous couvert d'activités nucléaires civiles, ce que Téhéran dément.

La question de l'enrichissement d'uranium est au coeur de ce dossier, puisque, si l'uranium faiblement enrichi est utilisé dans les centrales nucléaires civiles, le minerai fortement enrichi (90%) permet de fabriquer l'arme nucléaire.