De nouveaux heurts ont éclaté dimanche à Jérusalem entre fidèles musulmans et policiers israéliens, faisant des dizaines de blessés sur l'esplanade des Mosquées et autour de ce site sacré pour l'islam et le judaïsme, devenu une poudrière au coeur de la Ville sainte.

Le Croissant-Rouge a fait état de 24 blessés palestiniens. Selon la radio militaire israélienne, neuf policiers et un journaliste australien ont été légèrement blessés.

Un agent de sécurité israélien a par ailleurs été poignardé par une jeune Palestinienne au point de passage de Qalandiya, au nord de Jérusalem, entre Israël et la Cisjordanie.

La police a arrêté 19 manifestants, dont un ex-ministre palestinien chargé de Jérusalem, Hatem Abdelqader, appréhendé pour «incitation à la violence».

Elle est intervenue deux fois sur l'esplanade pour disperser à coups de grenades assourdissantes des jeunes Palestiniens qui jetaient des pierres contre des visiteurs sur le site, selon des sources policières israéliennes.

Les troubles se sont poursuivis sporadiquement pendant la journée, les manifestants jetant des pierres sur les forces de l'ordre des toits et dans les ruelles étroites, et incendiant des barricades.

Les manifestants avaient répandu de l'huile pour faire chuter les policiers, selon la radio israélienne.

En début de soirée, la police a affirmé avoir rétabli le calme après ces incidents, les plus graves depuis ceux de septembre à l'esplanade des Mosquées et dans certains quartiers arabes de Jérusalem.

Le commandant de la police, Dudi Cohen, avait averti que ses forces feraient preuve de fermeté «contre les fauteurs de troubles et ceux qui incitent aux violences».

«La police affirme toujours que les fidèles jettent des pierres, comme prétexte à ses attaques. Mais elle veut simplement justifier ses crimes», a accusé Kamal Khatib, porte-parole du Mouvement islamique arabe israélien, l'organisation en pointe lors des derniers incidents à Jérusalem.

L'Autorité palestinienne a exhorté la communauté internationale à «faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il mette fin à des actes de provocation». «Jérusalem est une ligne rouge à ne pas franchir», a mis en garde un porte-parole.

Le Hamas a prévenu qu'Israël serait «tenu responsable de cette dangereuse agression qui porte atteinte à l'intégrité de chaque musulman».

«Il s'agit d'un premier pas pour diviser la Mosquée Al-Aqsa, un prélude pour la démolir et édifier le Temple» juif, a affirmé à Damas le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a condamné la «violation de tous les sanctuaires musulmans» par la police israélienne, tandis que la Jordanie se disait «profondément inquiète».

Les patrouilles policières avaient été renforcées dans la Vieille ville après des appels récents de Palestiniens et d'Arabes israéliens à «défendre l'esplanade des Mosquées».

Selon les médias israéliens, le mouvement ultra-nationaliste israélien «Eretz Israel Shelanou» (La Terre d'Israël est à nous), avait appelé à un meeting dimanche à Jérusalem pour «monter en ordre» vers l'esplanade des Mosquées.

«Le peuple juif doit se rendre au Mur des Lamentations et au Mont du Temple afin que ce site devienne un lieu de paix et de sérénité, et non pas de haine et de terrorisme», a expliqué son dirigeant, Yéhuda Glick.

Ce site, qui abrite la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Il est aussi l'endroit le plus sacré pour les juifs qui l'appellent le Mont du Temple.

C'est une visite --perçue comme provocatrice-- du chef de la droite israélienne de l'époque, Ariel Sharon, sur la même esplanade, qui avait déclenché la seconde Intifada, dite «L'Intifada d'Al-Aqsa», le 28 septembre 2000, et embrasé les territoires palestiniens.