Des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique inspectaient dimanche le nouveau site d'enrichissement d'uranium de l'Iran, alors que Téhéran affiche une méfiance grandissante sur le «projet d'accord» d'enrichissement de ce minerai à l'étranger.

Arrivés dans la nuit, les quatre experts ont inspecté dans la journée ce site près de la ville de Qom, à 150 km au sud-ouest de Téhéran, selon le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Ali Shirzadian.

Selon les médias iraniens, ils doivent rester trois jours en Iran, où ils doivent effectuer «plusieurs visites» du site en cours de construction.

Son existence avait été révélée par l'Iran à l'AIEA le 21 septembre, provoquant la colère de nombreux pays occidentaux qui soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément.

La question de l'enrichissement d'uranium est centrale car, si l'uranium faiblement enrichi est employé dans les centrales nucléaires, le minerai fortement enrichi peut permettre la confection d'armes atomiques.

L'Iran refuse de geler ses activités d'enrichissement d'uranium malgré cinq résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU demandant leur suspension, dont trois assorties de sanctions.

De hauts responsables iraniens multiplient ces derniers jours leurs critiques du projet d'accord, proposé mercredi à Vienne par l'AIEA pour apaiser la crise sur le nucléaire iranien et pour lequel la communauté internationale attend la réponse de Téhéran.

Selon des diplomates occidentaux, le projet d'accord prévoit que l'Iran livre, d'ici fin 2009, 1 200 kg d'uranium enrichi à moins de 5% pour le faire enrichir à 19,75% en Russie, avant que la France n'en fasse des «coeurs nucléaires» pour le réacteur de recherche de Téhéran.

L'Iran possède actuellement environ 1 500 kilos d'uranium enrichi à 3,5%, selon l'AIEA.

Un expert nucléaire iranien, Abolfazl Zohrevand, a accusé dimanche les pays occidentaux de chercher à obtenir la suspension de l'enrichissement d'uranium en Iran, selon l'agence de presse officielle Irna.

Ils «veulent faire sortir du pays d'un seul coup 70% de notre uranium enrichi» à 3,5%, a-t-il dénoncé. «Il nous faudra 18 mois pour produire de nouveau cette quantité d'uranium enrichi et, pendant cette période, ils auront l'occasion de faire pression sur nous pour obtenir ce qu'ils veulent».

Un autre responsable iranien a déclaré dimanche que Téhéran souhaitait conserver dans le pays 1 100 kg d'uranium enrichi à 3,5%.

«Je pense qu'un accord n'est pas problématique mais nous devons toujours garder dans le pays 1 100 kilos d'uranium enrichi à 3,5%», a déclaré Mohsen Rezaï, secrétaire du Conseil de discernement et ancien chef des Gardiens de la révolution.

«Pour le combustible du réacteur (de recherche) de Téhéran, nous avons besoin d'envoyer (à l'étranger) seulement 350 kilos d'uranium à 3,5%» pour obtenir la quantité de combustible nécessaire, a ajouté M. Rezaï, candidat conservateur battu à la présidentielle de juin dernier, selon le site internet d'information Tabnak.

Il a précisé que le réacteur de Téhéran avait besoin seulement de 30 kg de combustible avec un degré d'enrichissement à 20%.

C'est la première fois qu'un haut responsable iranien donne ces précisions sur les besoins d'uranium enrichi pour le réacteur de Téhéran.