Le président afghan Hamid Karzaï a reconnu que des dirigeants internationaux l'avaient personnellement pressé d'accepter un second tour de l'élection présidentielle après un premier tour marqué par des fraudes, dans une interview diffusée samedi sur la chaîne américaine CNN.

Interrogé sur le fait de savoir s'il avait reçu des pressions de Washington, M. Karzaï a répondu qu'«un grand nombre de responsables» l'avaient appelé, dont le premier ministre britannique Gordon Brown.«Il y a eu des efforts amicaux de la part de certains gouvernements pour me demander d'accepter les résultats de la Commission indépendante électorale (IEC)», a déclaré le président afghan.

Outre le premier ministre britannique, il a cité le président turc Abdullah G-l et le président pakistanais Asif Ali Zardari sans toutefois mentionner d'appels de la Maison-Blanche.

Après avoir fait face à une intense pression -- dont de longs entretiens avec le sénateur démocrate américain John Kerry -- Karzaï et son principal rival Abdullah Abdullah sont tombés d'accord jeudi pour organiser un second tour le 7 novembre.

Mais M. Karzaï a insisté sur le fait que ces pressions n'étaient pas à l'origine de son accord pour un second tour.

«C'est la reconnaissance que l'Afghanistan a traversé tant d'années de difficultés, de luttes internes, soutenues par des intervenants de l'extérieur et j'ai eu le sentiment que l'Afghanistan entrait à nouveau dans une telle période», a affirmé M. Karzaï.

«J'ai senti que les Afghans se divisaient et pour des raisons de sécurité du peuple afghan et pour cimenter les traditions démocratiques en Afghanistan, j'ai donné mon accord pour un second tour, ce qui, je crois, est bon pour le pays», a ajouté le président.

Plus d'un million de bulletins du scrutin du 20 août ont été annulés pour fraude, faisant tomber M. Karzaï au-dessous des 50% de suffrages nécessaires à sa réélection dès le premier tour.