Barack Obama a déclaré mercredi qu'il pourrait décider d'éventuels renforts en Afghanistan avant même le second tour de l'élection présidentielle prévu le 7 novembre dans ce pays, mais sans forcément l'annoncer publiquement.

«Je pense qu'il est parfaitement possible que nous ayons formulé une stratégie avant le résultat du second tour (mais) il se peut que nous ne l'annoncions pas», a déclaré M. Obama sur la chaîne NBC.

Alors que la Maison Blanche distille des informations au compte-gouttes depuis plusieurs jours sur l'envoi ou non de soldats supplémentaires en Afghanistan afin de stabiliser le pays, M. Obama a souligné que «notre attitude est de prendre le temps d'agir correctement».

«Nous n'allons pas nous éterniser, parce que (...) plus tôt nous aurons une approche saine (du problème) et du personnel sur place, meilleure sera notre position», a expliqué le président des Etats-Unis, au lendemain de l'accord donné par le président afghan sortant Hamid Karzaï à l'organisation d'un second tour.

La nouvelle stratégie afghane des Etats-Unis pourrait prévoir l'envoi de plusieurs dizaines de milliers d'hommes supplémentaires sur le terrain.

Le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry, a toutefois affirmé qu'il serait logique que M. Obama attende le second tour pour se décider.

«Je pense qu'il serait de bon sens que le président estime que c'est logique d'attendre jusqu'à la fin de cette période de deux semaines» courant jusqu'au scrutin, a déclaré M. Kerry à des journalistes à sa sortie du bureau Ovale, où il venait informer M. Obama des résultats de sa récente mission au Pakistan et en Afghanistan.

«Deux semaines constituent un laps de temps très court pour déterminer s'il existe un gouvernement avec lequel travailler en temps de guerre», a remarqué M. Kerry, qui a selon la Maison Blanche joué un rôle capital dans le déblocage de la situation politique à Kaboul.

Selon le New York Times, M. Kerry a convaincu M. Karzaï d'accepter un second tour en rappelant sa propre expérience de défaite à la présidentielle américaine en 2004. «Je lui ai dit que parfois il y avait des coups durs», a déclaré M. Kerry au journal.

M. Karzaï affrontera donc son concurrent, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, lors de ce nouveau duel rendu nécessaire par l'invalidation de nombreux suffrages suspects en faveur du président sortant lors du premier tour, le 20 août.

L'accord arraché à M. Karzaï a montré l'efficacité des pressions de la Maison Blanche, qui avait martelé qu'il était «extrêmement important» que le prochain gouvernement afghan soit «crédible» et qu'aucune décision sur l'envoi de troupes supplémentaires ne serait prise tant que ce ne serait pas le cas.

Quelque 68.000 soldats américains devraient être stationnés d'ici à la fin de l'année en Afghanistan, alors que le conflit de plus en plus sanglant rencontre une opposition grandissante de l'opinion publique américaine.

Le commandant américain sur le terrain, le général Stanley McChrystal, réclamerait jusqu'à 45 000 soldats supplémentaires au président pour combattre les talibans et empêcher Al-Qaïda de reprendre pied dans le pays.

Mais cette solution n'est pas la seule à être étudiée par M. Obama: son vice-président Joe Biden préconiserait une approche antiterroriste visant plus Al-Qaïda, tandis que des responsables démocrates du Congrès verraient d'un bon oeil l'envoi de nouveaux soldats, mais seulement pour entraîner l'armée afghane.