Israël et les Palestiniens ont été pressés de toutes parts, mercredi à l'ONU, d'enquêter sur les graves allégations de crimes durant le conflit de l'hiver dernier à Gaza, suivant la recommandation d'un rapport controversé sur ces événements.

Lors d'un débat mensuel au Conseil de sécurité sur le Proche-Orient, qui a été utilisé par les pays arabes pour braquer le projecteur sur l'affaire de Gaza, l'ONU et les représentants des principaux Etats membres, y compris les Etats-Unis, ont tous appuyé cette demande. Plus de 40 pays ont participé au débat.

Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé «toutes les parties à mener en interne, sans tarder, des enquêtes crédibles sur la manière dont le conflit a été conduit».

Position soutenue par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

«Nous exhortons le gouvernement israélien à enquêter de façon exhaustive, crédible et impartiale sur les allégations figurant dans le rapport Goldstone», a déclaré l'ambassadeur britannique, John Sawers.

«Les parties doivent à présent engager un processus d'enquête indépendante et conforme aux standards internationaux sur les allégations», a dit son homologue français Gérard Araud.

L'ambassadeur américain adjoint, Alejandro Wolff, a réitéré les «sérieuses réserves» de Washington concernant le rapport, notamment «son accent exagérément mis sur Israël». Mais il a affirmé que Washington «prenait au sérieux les allégations contenues dans le rapport.»

«Israël a les institutions et la capacité nécessaires pour effectuer une enquête sérieuse sur ces allégations et nous l'encourageons à le faire,» a-t-il dit.

L'ouverture de telles enquêtes est une des recommandations du rapport de la commission d'enquête dirigée par le juge sud-africain Richard Goldstone.

Le rapport accuse l'armée israélienne, ainsi que les militants palestiniens, d'avoir commis «des crimes de guerre» et «de possibles crimes contre l'humanité» durant l'offensive israélienne à Gaza.

Ce rapport, qui stigmatise principalement Israël et a été rejeté par ce pays, recommande que faute de telles enquêtes, le dossier soit transmis à la Cour pénale internationale.

La commission Goldstone avait été chargée d'enquêter sur la guerre de Gaza par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, organe jugé suspect par Israël et Washington pour sa tendance à consacrer plus de temps à Israël qu'à d'autres pays.

Jugeant le mandat de la commission «biaisé» à son encontre, l'Etat hébreu n'avait pas coopéré à l'enquête, pas plus que le mouvement palestinien Hamas, qui contrôle Gaza.

A l'ONU, le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, Riyad al-Malki, a appelé à une «mise en oeuvre sérieuse» des recommandations du rapport.

L'ambassadrice d'Israël, Gabriela Shalev, l'a au contraire rejeté, affirmant qu'il «constitue une récompense pour les organisations terroristes en ce qu'il dénie à Israël le droit de défendre ses citoyens».

A Genève, le Conseil des droits de l'homme a convoqué pour jeudi une session extraordinaire lors de laquelle sera examiné un projet de résolution inspiré par l'Autorité palestinienne avec l'aval des pays arabes, musulmans et non alignés.

Le texte soutient les recommandations du rapport Goldstone et appelle les parties concernées, dont les organes de l'ONU, à «assurer leur application immédiate en accord avec leurs mandats respectifs».

M. Malki a espéré devant la presse que le Conseil des droits de l'homme adopterait cette résolution, après quoi «le rapport pourrait revenir devant le Conseil de sécurité, cette fois pour une discussion sérieuse sur ses recommandations».