Les Palestiniens veulent «le plus vite possible» une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour adopter le rapport de la mission Goldstone sur l'offensive israélienne à Gaza, a annoncé jeudi soir le représentant de l'Autorité palestinienne à Genève.

Cette demande d'une session extraordinaire constitue un revirement inattendu après la décision du Conseil vendredi dernier de reporter à mars 2010 sa décision sur le rapport Goldstone fustigeant l'attitude d'Israël pendant son offensive contre la bande de Gaza entre décembre 2008 et janvier 2009. Le soutien de l'Autorité palestinienne à ce report a soulevé un tollé dans les territoires palestiniens.

La représentation de Palestine à Genève «a commencé des consultations pour la convocation le plus vite possible d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme pour traiter la grave situation à Jérusalem, l'adoption du rapport Goldstone et la mise en oeuvre des recommandations du rapport», a déclaré à l'AFP le représentant permanent palestinien Ibrahim Khraishi.

«Le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), Ekmeleddin Ihsanoglu, actuellement à Genève, endosse cette démarche», a ajouté M. Khraishi.

Le représentant palestinien s'est déclaré convaincu de pouvoir rassembler le soutien de 16 des 47 États membres du Conseil des droits de l'Homme, nécessaire pour la convocation d'une session extraordinaire.

Devant les réticences des pays occidentaux, et notamment des États-Unis et de l'Union européenne, l'ambassadeur pakistanais Zamir Akram avait annoncé vendredi dernier au nom de l'OCI la décision des partisans d'une approbation du rapport --dont la Palestine-- «de donner plus de temps pour un examen fondé et complet du rapport de la mission d'enquête».

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a été la cible de vives critiques, y compris dans son propre camp, à la suite de ce report.

À Ramallah, siège de l'Autorité, des centaines de Palestiniens ont dénoncé lundi le soutien de leur direction à ce report, tandis que d'autres à Jérusalem parlaient de «coup de poignard dans le dos et le coeur de tous les martyrs» palestiniens.

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, cherchant à exploiter ce qui apparaît comme une bévue de son adversaire politique, a accusé Mahmoud Abbas d'avoir personnellement commandité le report. «Cette décision absurde et criminelle place un immense obstacle sur le chemin de l'unité palestinienne», a averti M. Haniyeh.

Le rapport du juge Richard Goldstone accuse notamment Israël de «crimes de guerre» et de «possibles crimes contre l'humanité» au cours de son offensive contre la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas.

Les réticences occidentales exprimées au sein du Conseil des droits de l'Homme se sont focalisées sur la recommandation du juge Goldstone d'une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) si aucun progrès n'est réalisé d'ici six mois dans les enquêtes menées par les autorités israéliennes et celles de Gaza.

Evoquant le précédent du président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup depuis mars d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour (ouest du Soudan), M. Goldstone avait «fortement critiqué la timidité des efforts d'Israël pour enquêter (...) et l'échec total des autorités de Gaza pour enquêter sur les groupes armés».

«L'impunité pour crimes de guerre et de possibles crimes contre l'humanité a atteint un point critique» dans la région, avait dénoncé le juriste sud-africain pour qui «l'absence actuelle de justice mine tout espoir d'un processus de paix et renforce un environnement qui favorise la violence».