Des milliers de policiers étaient à nouveau déployés mardi à Jérusalem après deux jours de heurts sporadiques avec des jeunes Palestiniens, déclenchés par le conflit autour de l'esplanade des Mosquées, une poudrière politico-religieuse au coeur de la Ville sainte.

«La bataille est engagée pour la souveraineté (israélienne) sur Jérusalem et particulièrement sur le Mont du Temple», le nom que donnent les juifs à l'esplanade des Mosquées, a déclaré à la radio publique le ministre Sylvan Shalom, suppléant du chef du gouvernement. Côté palestinien, l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a fustigé des «provocations» d'extrémistes juifs qui veulent changer le statut quo sur l'esplanade», tandis que le Hamas islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, appelait à «relancer l'Intifada pour défendre Al-Aqsa».

L'esplanade, qui héberge les mosquées Al-Aqsa et du Dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le Mur des Lamentations, elle est aussi l'endroit le plus sacré pour les juifs.

La police a maintenu mardi les restrictions d'accès au site, autorisant seulement l'entrée aux musulmans âgés de plus de 50 ans, à condition qu'ils soient Arabes israéliens ou résidents de la partie orientale annexée par Israël après sa conquête en juin 1967.

Elle a aussi interdit l'accès de l'esplanade aux visiteurs juifs ou chrétiens.

Depuis 2003, la police israélienne autorise des groupes de visiteurs à se rendre sur l'esplanade, sans coordination avec l'Office des biens musulmans (Waqf) en charge du lieu saint, mais elle interdit à des juifs d'y prier.

«Nous avons dû maintenir l'état d'alerte et notre déploiement massif à cause d'une série d'incidents lundi soir qui ont conduit à l'arrestation d'une vingtaine de Palestiniens», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police local Shmuel Ben Rubi.

«Deux mille hommes, des policiers et des gardes-frontières, ont été déployés à Jérusalem-est» afin d'éviter tout affrontement avec des Palestiniens, a précisé le porte-parole.

Par ailleurs, des forces de police sont mobilisées pour assurer la sécurité de la «marche de Jérusalem», une manifestation annuelle qui attire des dizaines de milliers de participants israéliens et étrangers.

Cet évènement sportif et populaire a pris une tournure de plus en plus nationaliste ces dernières années, marquant l'attachement d'Israël à la Ville sainte, décrétée en 1981 «capitale indivisible d'Israël» malgré l'opposition de la communauté internationale.

La marche à laquelle participent des milliers de chrétiens évangélistes pro-sionistes se déroule chaque année à l'occasion de Soukkot, la fête des Cabanes (appelée aussi «fête des Tabernacles»), qui commémore le séjour des Hébreux dans le désert après la sortie d'Égypte.

Le défilé doit traverser notamment des quartiers arabes de Jérusalem-est.

Si la Vieille ville est restée relativement calme lundi, des incidents sporadiques -essentiellement des jets de pierre- ont eu lieu ailleurs jusque dans la soirée. Une vingtaine de Palestiniens ont été arrêtés.

Les premiers heurts avaient éclaté fin septembre à Jérusalem-est, faisant une trentaine de blessés. Les Palestiniens protestaient contre l'intrusion selon eux de pèlerins juifs -un groupe de touristes, selon la police- venus prier sur l'Esplanade.

C'est une visite -perçue comme provocatrice- du chef de la droite israélienne, Ariel Sharon, sur la même esplanade qui avait déclenché la seconde Intifada, dite « Intifada d'Al Aqsa» le 28 septembre 2000, et embrasé les Territoires palestiniens.