Téhéran se préparait à accueillir ce week-end le directeur général sortant de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, pour une visite destinée à confirmer les avancées observées lors des pourparlers de Genève sur le nucléaire iranien.

Les représentants des grandes puissances chargées du dossier nucléaire et l'Iran se sont réunis jeudi à Genève pour la première fois depuis 14 mois pour relancer les négociations sur les programmes nucléaires controversés de Téhéran. «Pour ce qui est du cadre de la coopération étroite entre l'Agence et la République islamique, le Dr. Elbaradei viendra en Iran rencontrer le Dr. (Ali Akbar) Salehi», le chef du programme nucléaire iranien, a déclaré selon la télévision publique le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Ali Shirzadian.

Il n'a pas précisé la date de cette visite. Mais une source au sein de l'OIEA contactée à Genève a précisé que le diplomate égyptien se rendrait à Téhéran «en début de semaine», qui commence samedi en Iran.

M. ElBaradei a été invité jeudi par les autorités iraniennes, le jour même où l'Iran et les représentants des six grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, Allemagne et Grande-Bretagne) se réunissaient à Genève.

Cette journée-marathon de pourparlers a été marquée par un certain nombre d'avancées. Les délégations se sont mises «d'accord pour intensifier le dialogue dans les prochaines semaines» et devraient se retrouver avant fin octobre, selon le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana.

Les adjoints du négociateur iranien Saïd Jalili et de M. Solana, se réuniront «dans les prochains jours» pour discuter des modalités techniques de la suite de ces discussions, rapporte vendredi l'agence iranienne Fars, en citant les propos d'Ali Bagheri, un des adjoints de M. Jalili.

Donnant satisfaction à l'une des principales demandes des «Six», l'Iran s'est engagé à donner un accès d'ici «deux semaines» à son nouveau site d'enrichissement situé près de Qom (centre), dont l'existence n'a été révélée que la semaine dernière, a indiqué le représentant français Jacques Audibert.

Les parties se sont également mises d'accord sur le principe d'un enrichissement à l'extérieur de l'Iran de l'uranium faiblement enrichi au préalable dans les centrifugeuses iraniennes.

Un responsable américain a affirmé aux journalistes à Genève sous couvert de l'anonymat que Téhéran avait donné son accord pour que la Russie se charge de l'enrichissement au niveau requis de l'uranium nécessaire pour alimenter son réacteur nucléaire de recherche à Téhéran.

À l'en croire, l'Iran transfèrerait l'essentiel de ses stocks d'uranium enrichi à environ 3,5% à la Russie, qui l'enrichirait ensuite à 19,75%, soit un niveau toujours nettement en-dessous du niveau requis pour forger une arme nucléaire (90%).

Des techniciens français produiraient à partir de cette matière des tubes (ou «crayons») de combustible pour alimenter le réacteur de Téhéran, a déclaré ce responsable américain.

«L'avantage potentiel de ce plan est, s'il est mis en oeuvre, de réduire de manière significative les stocks iraniens d'uranium faiblement enrichi, qui sont une source d'inquiétude au Moyen-Orient et ailleurs», a-t-il ajouté.

Les capitales occidentales soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programmes nucléaires civils, ce que l'Iran dément avec véhémence. Israël, qui considère l'Iran comme son ennemi numéro un, n'a jamais écarté la possibilité de bombarder les sites du programme nucléaire iranien.