Le programme nucléaire iranien a atteint un point de non-retour. Dans 15 ans, Téhéran pourrait détenir la capacité d'«infliger des dommages importants à une grande puissance», estime le spécialiste des questions nucléaires Michel Fortmann.

Sauf que l'événement le plus révélateur des progrès technologiques iraniens ne s'est pas produit cette semaine, mais au début du mois de février quand Téhéran a mis en orbite son tout premier satellite, souligne ce professeur de l'Université de Montréal.

 

L'Iran s'est alors joint au club très sélect des neuf pays capables de lancer un satellite. Et même si le satellite Omid (Espoir) n'était qu'un engin de télécommunication, cette capacité inquiète. Car la technologie utilisée pour la propulsion d'un satellite à des fins civiles pourrait tout aussi bien servir à propulser des missiles nucléaires.

L'Iran pourrait produire une bombe atomique dans deux ou trois ans, prévoit Michel Fortmann. Le cas échéant, dit-il, «il s'agirait d'une bombe de première génération, qui pèserait une tonne, comme les bombes de Nagasaki et d'Hiroshima».

Les capacités balistiques actuelles ne permettent pas de propulser un tel poids lourd, mais dans les 15 prochaines années, les Iraniens pourraient progresser suffisamment pour produire des bombes plus efficaces et plus légères.

La découverte d'une deuxième usine d'enrichissement d'uranium n'est pas vraiment une surprise aux yeux de Michel Fortmann. Selon lui, l'Iran met progressivement en place une infrastructure qui lui permettra de mettre au point une arme nucléaire dans un avenir pas trop lointain.

«On n'en est plus au stade de la recherche et du développement, mais plutôt de la mise en oeuvre», estime-t-il. Il ajoute que, à cet égard, on a probablement atteint un point de non-retour: «On ne peut plus imaginer dénucléariser l'Iran, il faut penser à gérer ses capacités nucléaires.»