L'esplanade des Mosquées, une poudrière politico-religieuse dans la Vieille ville de Jérusalem, a été à nouveau le théâtre d'affrontements dimanche entre Palestiniens et policiers israéliens qui ont fait plusieurs blessés de part et d'autre.

Les premiers heurts ont éclaté dans la matinée sur l'esplanade, lorsqu'environ 150 musulmans ont attaqué à coups de pierres un groupe constitué selon eux de fidèles juifs venus prier par provocation dans ce haut lieu de l'islam.

La police israélienne a assuré pour sa part qu'il s'agissait de touristes.

Le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a accusé Israël de provoquer délibérément une «escalade de la tension à Jérusalem» au moment où le président américain Barack Obama tente de faire avancer la paix au Proche-Orient.

À Jérusalem-est annexé, des jeunes Palestiniens ont ensuite affronté les forces de l'ordre déployées en nombre dans les rues étroites de la Vieille ville en leur jetant des pierres, les policiers répliquant avec des grenades assourdissantes.

Des témoins ont fait état d'une dizaine de blessés parmi les manifestants. Un total de 17 membres des forces de l'ordre ont été légèrement blessés, d'après la police, qui a procédé à 11 arrestations.

«Il y a une présence policière massive dans la Vieille Ville et, en général, la situation est sous contrôle», a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

Un calme tendu régnait et des jeunes Palestiniens ont tenté d'incendier une station-service d'un autre quartier de Jérusalem-Est, selon un photographe de l'AFP.

L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a accusé les autorités israéliennes de «crime nécessitant l'intervention immédiate de la communauté internationale» et averti que de telles actions «détruisent tous les efforts pour ramener la paix et établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale».

De son côté, le mouvement islamiste Hamas, qui a dénoncé un «crime sioniste», a organisé des manifestations de protestation dans la bande de Gaza sous son contrôle, qui ont rassemblé plusieurs milliers de personnes.

Dans la ville même de Gaza, 3000 personnes ont ainsi manifesté «pour la défense de la mosquée d''Al Aqsa», ont rapporté des témoins.

Amman a condamné «l'escalade» israélienne et convoqué l'ambassadeur d'Israël, et la Ligue arabe a fait part de son «extrême colère», parlant d'agression préméditée des forces israéliennes.

C'est une visite --perçue comme provocatrice-- du chef de la droite israélienne, Ariel Sharon, sur la même esplanade qui avait déclenché la seconde Intifada, un soulèvement armé palestinien, en septembre 2000.

L'esplanade, qui abrite les mosquées Al-Aqsa et du dôme du Rocher, est considérée comme le troisième lieu saint de l'islam. Elle est aussi révérée par les juifs qui l'appellent le mont du Temple.

Bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont l'ultime vestige est le «Mur occidental» (le Mur des Lamentations), lieu sacré du judaïsme, l'esplanade se trouve dans l'enceinte de la Vieille ville historique, à l'intérieur du secteur oriental conquis et annexé par Israël en juin 1967.

Le site est accessible aux non-musulmans à certaines heures de la journée, mais pas lors des fêtes musulmanes. La police permet à des groupes de juifs de s'y rendre mais pas d'y prier.

Israël célèbre à compter de dimanche soir le jour du Grand Pardon (Yom Kippour), marqué par un jeûne de 25 heures et des prières.