La Russie a reçu des assurances d'Israël selon lesquelles il n'envisageait pas d'attaquer l'Iran, a déclaré dimanche le président russe, Dmitri Medvedev, alors que l'État hébreu s'est toujours réservé la possibilité de recourir à l'option militaire face aux ambitions nucléaires de Téhéran.

«Lorsque le président d'Israël (Shimon) Peres m'a récemment rendu visite à Sotchi (sud-ouest de la Russie), il a dit quelque chose de très important pour nous tous, à savoir qu'Israël n'envisageait aucune sorte de frappe contre l'Iran, et qu'Israël était un pays pacifique qui n'allait pas faire cela», a dit M. Medvedev dans une interview à la chaîne de télévision américaine CNN.

De son côté, la Russie se réserve le droit de vendre à l'Iran des armes défensives, tels des missiles S-300 russes très sophistiqués -qui rendraient plus difficiles d'éventuels bombardements d'installations nucléaires iraniennes-, a fait savoir M. Medvedev.

«Ce que nous avons livré et ce que nous allons livrer a toujours été et sera toujours des armes défensives. C'est notre position ferme et nous nous y tiendrons pour prendre des décisions définitives concernant tous les contrats existants avec l'Iran», a ajouté le président russe dans cette interview réalisée dans sa résidence de Barvikha, près de Moscou.

Il a affirmé que «toute livraison d'armes, à plus forte raison d'armes défensives» à l'Iran ne contribuerait pas à accroître les tensions au Proche-Orient, mais «au contraire à les apaiser».

Au cours de la visite de M. Peres fin août à Sotchi, M. Medvedev s'était engagé à réexaminer la vente prévue de missiles sol-air russes S-300 à l'Iran, avait alors déclaré le président israélien après avoir expliqué à son homologue russe que «cela aurait de l'influence sur l'équilibre des forces» dans la région.

Par ailleurs, M. Medvedev a confirmé que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait bien effectué récemment une visite non publique en Russie, un mystérieux voyage pour lequel aucune explication officielle n'a été donnée par Israël.

«Le premier ministre Netanyahu s'est rendu à Moscou. Il l'a fait à 'huis clos'. C'était sa décision. Je n'ai pas très bien compris à quoi elle (cette visite) était liée, mais nos partenaires en ont décidé ainsi», a déclaré M. Medvedev.

Plusieurs médias ont rapporté que le premier ministre israélien avait effectué cette visite secrète le 7 septembre pour parler des ventes d'armes russes à ses ennemis jurés, la Syrie et l'Iran.

Israël tente depuis des années de convaincre Moscou de ne pas fournir à l'Iran un système de défense antiaérien S-300 qui pourrait être déployé autour des installations nucléaires iraniennes.

Les grandes puissances occidentales soupçonnent l'Iran de vouloir acquérir la bombe atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran nie.

Une rencontre entre l'Iran et des représentants des six pays qui négocient depuis des années sur le dossier nucléaire iranien (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) est prévue le 1er octobre.

M. Netanyahu n'a pas écarté récemment une possible frappe militaire contre l'Iran, insistant sur le fait qu'il ne permettrait pas que Téhéran puisse disposer de l'arme atomique. Le Mossad (services secrets israéliens) avait estimé à la mi-juin que l'Iran pourrait disposer d'une bombe nucléaire «prête à l'emploi» en 2014.

De son côté, Moscou souffle le chaud et le froid depuis des mois sur la livraison à l'Iran de ces systèmes antiaériens très perfectionnés. Les missiles sol-air S-300 sont capables de frapper un avion à 30 km d'altitude et à 150 km de distance. En 2007, la Russie avait livré à l'Iran 29 systèmes de défense antiaérienne TOR-M1, à beaucoup plus courte portée que les S-300.