L'administration Obama a prévenu jeudi qu'aucune décision ne serait prise dans l'immédiat sur d'éventuels renforts militaires américains en Afghanistan, admettant par ailleurs que la confusion électorale dans ce pays lui «compliquait la tâche».

«Il est beaucoup trop tôt pour décider si nous avons besoin de plus de soldats, a fortiori de dizaines de milliers de soldats en plus (...) Nous devons attendre que l'élection soit décidée et que tous les effectifs (...) que nous avons acceptés de déployer début mars (2009) soient sur place», a dit le vice-président américain Joe Biden à la chaîne CNN.

Ces propos ouvrent la possibilité d'un délai de réflexion encore plus long que celui annoncé auparavant par la Maison Blanche, qui a signifié que la décision prendrait de nombreuses semaines. Le président Barack Obama a prévenu lui-même, mercredi, qu'il n'y avait «pas de décision immédiate en vue» et qu'il prendrait d'abord le temps d'élaborer la bonne stratégie.

L'issue de l'élection présidentielle afghane, marquée par des accusations de fraude massive, apparaît de plus en plus incertaine.

Quant aux renforts de troupes américaines qui avaient été décidés au printemps, ils ne devraient achever leur déploiement qu'à la fin de l'année.

Quelque 62 000 Américains se battent en Afghanistan aux côtés de 38 000 soldats de pays alliés. Les GI's devraient être 68 000 fin 2009.

La coalition alliée en Afghanistan est confrontée à une insurrection de plus en plus active et cède du terrain, jusqu'à Kaboul où les attentats se multiplient. La situation a conduit des militaires et des experts à recommander d'augmenter encore les effectifs américains sur place.

La situation est politiquement délicate pour M. Obama, dont les amis du Parti Démocrate se montrent de plus en plus perplexes face à la guerre, sans compter les sondages qui indiquent un affaiblissement constant du soutien au conflit dans l'opinion américaine.

Sur le front électoral, le président afghan sortant, Hamid Karzaï, est en tête du premier tour avec quelque 54,6% des suffrages, selon les résultats préliminaires, mais des centaines de milliers de bulletins suspects doivent être recomptés.

Les accusations graves de tricherie visant M. Karzaï mettent en cause sa légitimité déjà fragile. Elles atteignent aussi, par ricochet, les Occidentaux qui mènent avec lui la lutte contre les talibans.

«Il deviendrait très dur d'avoir une politique sur la durée si le gouvernement avec lequel nous coopérons est jugé illégitime par le peuple, le peuple afghan en l'occurrence. Mais cela n'est pas encore tranché», a reconnu jeudi Joe Biden.

M. Biden a ainsi souligné la nécessité d'aller au bout du processus de vérification.

M. Karzaï a lui aussi donné une interview à CNN jeudi, prenant un ton conciliant sans changer le fond de son argumentation.

Interrogé sur l'opportunité d'organiser un second tour de scrutin, il a appelé à s'en remettre au «vote du peuple afghan» et à la constitution du pays.

«Si le vote du peuple afghan n'est pas concluant et va dans le sens d'un second tour, ce serait légitimement ce que demande la constitution afghane», a-t-il déclaré. «Mais si ce n'est pas le cas, alors manigancer de façon à aller à un second tour serait une fraude électorale, et ce n'est pas ce qu'il faut faire».