L'Iran n'a pas répondu dans sa dernière proposition aux questions qui lui étaient posées sur son programme nucléaire.

«Ce n'est pas une réponse aux questions sur le nucléaire», a déclaré à l'AFP la porte-parole du diplomate en chef de l'UE Javier Solana, Cristina Gallach, ajoutant sa voix au scepticisme déjà exprimé par les Occidentaux. «Le document est beaucoup plus axé sur les questions globales que sur le nucléaire», a-t-elle ajouté. Toutefois, «les consultations continuent» entre les grandes puissances chargées de discuter du programme nucléaire controversé de l'Iran, pour avoir «une réponse coordonnée», a-t-elle dit.

Jeudi, un responsable de la diplomatie américaine avait déjà jugé qu'«il n'y a vraiment rien de nouveau dans le paquet lui-même».

La France avait aussi exprimé son scepticisme. Selon un diplomate français s'exprimant sous couvert d'anonymat, «rien ne figure dans le nouveau document sur une suspension de l'enrichissement d'uranium», réclamée par les Nations unies.

À Téhéran, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé vendredi que son pays resterait ferme pour défendre ses droits nucléaires et prévenu l'opposition en Iran que le régime agirait également avec détermination contre ceux qui le combattent.

«Il faut rester ferme pour défendre ses droits au nucléaire. Renoncer à ses droits, que ce soit dans le domaine nucléaire ou autre, signifie le déclin» du pays, a-t-il déclaré lors de la prière du vendredi à Téhéran.

«Nous emprunterons le chemin du déclin si (...) au lieu de résister aux oppresseurs, nous nous montrons faibles face à eux et que nous reculons», a-t-il expliqué.

Téhéran veut «un cadre international» contre la menace que constituent les armes nucléaires, avait pour sa part noté Mojtaba Samareh Hachemi, un proche conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, dans un entretien au Washington Post.

«Nous pouvons concevoir, avec la coopération de tous les pays, un cadre international empêchant la recherche, la production, la détention et la multiplication des armes nucléaires, et qui aille aussi vers la destruction des armes nucléaires actuelles», avait-il expliqué, évoquant le paquet de propositions iranien.

L'Iran refuse toujours de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium, comme l'exige le conseil de sécurité, qui a voté une série de sanctions contre Téhéran.

Vendredi, l'ayatollah Khamenei, tout en affirmant qu'il ne fallait pas céder sur le nucléaire, a parallèlement mis en garde l'opposition au sein du pays.

«Le régime islamique agira avec détermination contre ceux qui ont sorti leur épée pour le combattre», a dit le numéro un iranien.

Il a ajouté que le pouvoir «tolérait» les opposants, mais pas ceux qui le combattent et mettent en cause ses «principes» et sa «sécurité».

«Le régime n'agit pas contre ceux qui ont des points de vue opposés. Nous voulons intégrer le maximum de gens et éliminer le minimum possible. Ceux qui ont des positions opposées peuvent avoir des activités dans ce cadre. Mais ceux qui agissent contre les principes et la sécurité, le régime agira contre eux», a déclaré l'ayatollah Khamenei.

«Certains répètent sans cesse que le peuple a perdu confiance dans le régime. Je leur réponds: «lorsque 40 millions de personnes participent aux élections, cela veut dire qu'ils ont confiance». Le peuple a confiance dans le régime et inversement», a-t-il ajouté.

Dans la première partie de son discours, il avait longuement relevé, dans une claire mise en garde, que durant les premières années de la révolution de hauts dirigeants de la République islamique avaient été écartés pour avoir remis en cause les principes révolutionnaires.

Après la présidentielle du 12 juin et l'annonce de la victoire du président Mahmoud Ahmadinejad, les candidats de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, ont dénoncé des fraudes massives, refusant de reconnaître cette réélection.

Le 19 juin, l'ayatollah Khamenei était intervenu à la prière du vendredi pour apporter son soutien à M. Ahmadinejad.

De son côté, l'ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui avait soutenu le candidat modéré Mir Hossein Moussavi, était intervenu pour affirmer qu'une partie du peuple avait perdu confiance dans le régime et qu'il fallait y remédier.