L'Iran est désormais proche d'avoir suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer à terme une bombe atomique, a estimé mercredi l'ambassadeur américain auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Glyn Davies.

«L'Iran est désormais très proche d'avoir, ou a déjà, suffisamment d'uranium faiblement enrichi pour produire une bombe nucléaire, s'il était décidé de l'enrichir encore de façon à obtenir une qualité militaire», a-t-il déclaré au troisième jour de la réunion de septembre de l'exécutif de l'agence à Vienne. L'Union européenne s'est parallèlement dite «très préoccupée» du refus persistant de Téhéran de faire la lumière sur des recherches présumées pour la fabrication d'un missile nucléaire.

Le dernier rapport de l'AIEA a établi que Téhéran a déjà produit «au minimum 1430 kg d'hexafluoride d'uranium faiblement enrichi (UF6)», a rappelé le diplomate américain. Au printemps, l'Iran avait été crédité par l'agence d'un stock de 1339 kg.

D'après les experts, il faut entre 1000 et 1700 kg de ce type d'uranium pour produire l'uranium hautement enrichi nécessaire pour une seule bombe atomique.

L'Iran nie avoir des visées nucléaires militaires et a rejeté toute idée de gel de ses activités d'enrichissement, malgré trois résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU en ce sens.

Dans son dernier rapport, l'AIEÀ a relevé que Téhéran avait réduit sa production d'uranium enrichi et exploité cet été 4592 centrifugeuses d'enrichissement d'uranium, soit 328 de moins qu'au printemps. Son parc est passé à 8308 appareils, soit un millier de plus qu'auparavant.

Toutefois la réduction de la production pourrait, selon des diplomates occidentaux être dûe à des pannes.

L'uranium enrichi sert de combustible nucléaire pour produire de l'énergie électrique et entre dans la fabrication, à un très haut degré d'enrichissement, de l'arme atomique.

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, avait une nouvelle fois déploré lundi le manque de coopération de Téhéran dans ce dossier.

Dans une interview parue la semaine dernière dans la revue Bulletin of the Atomic Scientists,  il a estimé cependant que l'idée d'un Iran réellement sur le point de se doter de l'arme atomique était «fortement exagérée».

«L'idée que nous pourrions nous réveiller demain avec un Iran doté de l'arme nucléaire ne repose pas sur les faits tels que nous avons pu les établir à ce stade», a-t-il souligné.

Toutefois, «vu le fait que l'Iran refuse de s'expliquer avec l'AIEÀ au sujet de ses travaux passés liés à la fabrication d'une ogive nucléaire, nous craignons fort que l'Iran ne cherche, au minimum, à conserver l'option nucléaire militaire», a estimé l'ambassadeur américain.