L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé lundi qu'elle se trouvait dans une «impasse» sur le dossier nucléaire iranien.

A l'ouverture de ses travaux, le directeur général Mohamed El-Baradei a en effet informé le Conseil des gouverneurs des 35 pays membres de l'agence onusienne que l'Iran n'avait pas suspendu son programme d'enrichissement d'uranium. Il ajouté que Téhéran n'avait pas non plus répondu clairement aux questions persistantes sur les dimensions militaires de son programme nucléaire.

M. El-Baradei a exhorté l'Iran à «renouer le dialogue de manière susbtantielle» avec l'AIEA pour apporter la preuve que son programme nucléaire n'a aucun objectif militaire.

Parallèlement, le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé lundi que l'Iran ne comptait ni stopper ses activités d'enrichissement de l'uranium ni négocier sur ses droits à l'énergie nucléaire. Il s'est dit en revanche prêt à discuter de «défis mondiaux» avec les six pays mediateurs (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Breatgne, Allemagne).

L'AIEA se réunit cette semaine à Vienne pour des discussions essentiellement centrées sur les épineux dossiers nucléaires iranien et syrien. Ces travaux à huis clos devraient logiquement déboucher sur un durcissement des sanctions visant le régime iranien.

Les débats, qui devraient durer au moins cinq jours, s'appuient sur deux récents rapports établis par l'agence. L'un accuse l'Iran de continuer à enrichir de l'uranium et de refuser de répondre à la main tendue des Six. Le deuxième rapport fustige la Syrie, à laquelle l'AIEA reproche de ne pas coopérer pleinement avec ses inspecteurs. Ces derniers tentent de déterminer si Damas a effectivement cherché à construire un complexe nucléaire sur le site d'Al-Kibar, dans une zone isolée du désert de l'est du pays bombardée par l'aviation israélienne en septembre 2007.

Par ailleurs, M. El-Baradei a vivement critiqué les récentes informations de presse laissant entendre que ses services n'avaient pas publié l'intégralité des données recueillies sur l'Iran. Le patron de l'AIEA s'est dit «consterné» par cette accusation de dissimulation et a dénoncé des articles «politiquement motivés et totalement sans fondement».

La semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait demandé à M. El-Baradei de publier d'autres informations détenues par l'AIEA, concernant le programme nucléaire iranien. Lundi, Paris a confirmé sa position. «La France a reçu à l'agence un briefing technique ouvert à l'ensemble des Etats membres», a indiqué Christine Fages, porte-parole du Quai d'Orsay. ôôToutes ces informations ne sont pas reflétées dans le rapport du directeur général au conseil des gouverneurs. C'était le sens de la demande exprimée par le ministre des Affaires étrangères et européennes.»

Pour sa part, l'Iran continue d'assurer que son programme est strictement civil, pacifique et destiné uniquement à la production d'électricité. Ce que contestent les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux qui affirment que l'Iran cherche à se doter de l'arme atomique.

Quant à la Syrie, elle dément dissimuler tout programme nucléaire.

Vendredi, l'Iran a accusé les Etats-Unis d'avoir utilisé de ôôfaux documents» et eu recours à des subterfuges pour laisser croire que Téhéran tentait de fabriquer des armes nucléaires.

Cette lettre de huit pages -écrite par Ali Asghar Soltanieh l'émissaire iranien auprès de l'AIEA)- qualifiait de «fabriquées, sans fondements et fausses» les allégations de Washington contre la République islamique. Le courrier ne précise pas quels documents seraient faux.

«En se mêlant au travail de l'AIEA et en exerçant des pressions politiques diverses, le gouvernement des Etats-Unis a essayé de gâcher l'esprit de coopération entre la République islamique d'Iran et l'AIEA», affirme Soltanieh dans cette lettre adressée au directeur général de l'agence.

La lettre s'en prend aussi violemment à la Grande-Bretagne et à la France, accusées de faire preuve de «mauvaise volonté» et de ôômotivation politique» dans leurs relations avec l'Iran.