Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir vendredi qu'il entendait donner un coup d'accélérateur à la colonisation en Cisjordanie occupée avant un gel réclamé par Washington.

Cette initiative, destinée à ménager l'aile la plus dure de la droite israélienne opposée à un gel de la colonisation tout en apaisant l'administration de Barack Obama, a été vivement critiquée par la direction palestinienne.

«Le premier ministre va faire approuver ces prochains jours des projets de construction dans les implantations et ce n'est qu'ensuite qu'il pourrait accepter un moratoire de plusieurs mois», a déclaré à l'AFP une source gouvernementale.

Un gel de la colonisation, réclamé avec insistance par Washington en vue de relancer le processus de paix avec les Palestiniens et des pays arabes, serait censé durer neuf mois, selon les médias israéliens.

Il porterait uniquement sur la construction de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie, où vivent quelque 300 000 Israéliens. En revanche, il ne concernerait pas les 2.500 logements qui ont déjà reçu le feu vert du gouvernement, a précisé un responsable de la présidence du Conseil.

Il ne toucherait pas non plus les bâtiments publics, ni les quartiers de colonisation de Jérusalem-est, où résident quelque 200.000 Israéliens.

En échange, des pays arabes tels que Oman, la Tunisie et le Maroc devraient donner leur accord à l'ouverture de représentations commerciales israéliennes sur leur territoire.

Réagissant à ces informations, le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat a affirmé que le projet israélien était «totalement inacceptable». «La seule chose qui sera suspendue après ces annonces c'est le processus de paix» et non pas la colonisation, a-t-il déploré.

Selon lui, les annonces israéliennes traduisent «un mépris total» des efforts déployés par l'émissaire américain George Mitchell afin d'obtenir un gel de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés.

Jeudi, lors d'une conférence de presse conjointe à Paris avec le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, le président palestinien Mahmoud Abbas avait répété que les négociations de paix avec Israël ne reprendraient «qu'après un accord sur un gel de la colonisation».

Il a aussi lié un tel gel à la tenue d'une rencontre avec M. Netanyahu à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU pendant la troisième semaine de septembre.

MM. Abbas et Netanyahu ne se sont jamais rencontrés depuis que ce dernier à pris ses fonctions début avril à la tête d'un gouvernement de droite.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a déclaré que les propositions d'Israël sur la colonisation n'étaient «pas sérieuses» et «pas suffisantes» pour relancer le processus de paix avec les Palestiniens.

En France, le ministère des Affaires étrangères a jugé le projet de M. Netanyahu «contraire» aux engagements israéliens et au processus de paix.

Israël compte néanmoins obtenir le soutien des États-Unis pour ce plan, en dépit de leur opposition déclarée à la poursuite de la colonisation.

Des responsables israéliens ont eu un entretien mercredi avec M. Mitchell, et les deux parties ont réaffirmé leur «engagement pour une paix globale» dans la région.

M. Mitchell doit revenir dans la région la semaine prochaine.

M. Obama a exigé, avec l'appui des Européens, un gel total de la colonisation pour favoriser une relance des négociations de paix, suspendues depuis fin 2008.

Toutefois, l'administration Obama a paru reculer sur cette question face à l'opposition des Israéliens, estimant qu'un tel gel total des activités de construction ne représentait pas une condition préalable à une reprise des négociations.